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Où se situent vos connaissances sur l’Internet ?

Que ce soit nos vies en tant que femmes, nos expériences en tant que féministes, nos histoires en tant que peuples autochtones, nos luttes en tant que femmes trans, nos analyses en tant qu’universitaires noires, nos réalisations en tant qu’activistes des droits des personnes handicapées, très peu de notre savoir et sagesse complexes est facilement accessible au reste du monde sur Internet. Whose Knowledge ? et un groupe de Wikimujeres participent au forum de l’AWID afin que nous abordions ces questions ensemble.


Je suis une féministe d’origine indo-américaine, qui publie sur Wikipedia durant mon temps libre. Essentiellement, je crée ou j’ajoute des articles sur les femmes et les activistes trans, sur des personnes et des lieux de l’Asie-Pacifique, d’Afrique, d’Amérique latine et en fait sur des combinaisons de ces cas. Malheureusement, très peu de Wikipédie-nne-ns me ressemblent. Brune, femme et du Sud.

Écrire à notre sujet ?

Un grand nombre d’entre nous utilisent Wikipedia comme première source d’information sur Internet. À bien des égards, il reflète la « magie » d’Internet – une encyclopédie en ligne dont le contenu est rédigé par des bénévoles du monde entier, beaucoup plus facilement accessible et plus rapidement mis à jour qu’un livre imprimé. Pourtant, Wikipedia – comme le reste d’Internet – n’est pas encore vraiment l’encyclopédie du monde.

Actuellement, seulement 20 % des personnes dans le monde (principalement, des rédacteurs blancs d’Amérique du Nord et d’Europe) publient 80 % des textes de Wikipedia. On estime que seul-e-s 1 sur 10 des rédacteurs-trices s’identifie comme étant de sexe féminin. Une étude de 2011 effectuée par Mark Graham et d’autres chercheur-e-s de l’Oxford Internet Institute a analysé les articles de Wikipédia sur les lieux, les événements ou d’autres questions géolocalisables dans toutes les versions linguistiques et a constaté que 84 % des articles étaient rédigés en Europe et en Amérique du Nord. Une recherche conduite par le groupe en 2014 a constaté que la plupart des articles écrits sur le Sud le sont toujours par celles et ceux du Nord mondial. En d’autres termes, une minorité du monde écrit sur la majorité. Et cela est vrai pour la plupart des espaces de connaissances sur Internet.

N’écrivez pas sur nous sans nous !

Alors qu’est-ce que cela signifie pour nous tous – les féministes et les défenseurs-euses des droits humains des femmes – au Forum de l’AWID en septembre ?

Même si nous faisons face aux défis de notre vie quotidienne – la monétisation en expansion et la titrisation de nos mondes par les entreprises et les gouvernements, la violence croissante de la part des forces extrémistes qui utilisent les corps et les vies des femmes comme leurs principales cibles, les dangers croissants du changement climatique – il est important pour nous de lutter contre les défis les plus invisibles des représentations de la connaissance et de la violence à notre égard sur Internet.

Le rapport de l’ONU sur la cyberviolence contre les femmes et les filles a révélé que 73 % des femmes ont été exposées à ou ont vécu des formes de violence en ligne (en anglais). En examinant le harcèlement en ligne et le « the web we want » (le web que nous voulons), The Guardian a analysé 70 M de commentaires sur son site à partir de 2006 et a constaté que sur les 10 auteur-e-s les plus maltraité-e-s huit sont des femmes et les deux hommes sont noirs. Des compagnies comme Facebook ont des politiques de confidentialité problématiques, notamment la politique « Vrais Noms » récemment appliquée qui a affecté négativement les communautés LGBTQI et Amérindiennes.

Plus largement encore, cela signifie que nos connaissances sur Internet n’apparaissent pas encore telles qu’elles devraient l’être. Que ce soit nos vies en tant que femmes, nos expériences en tant que féministes, nos histoires en tant que peuples autochtones, nos luttes en tant que femmes trans, nos analyses en tant que universitaires noires, nos réalisations en tant qu’activistes des droits des personnes handicapé-e-s,… très peu de notre savoir et sagesse complexes est facilement accessible au reste du monde.

Pourquoi est-ce un problème ? Parce qu’Internet est en train de devenir la référence par défaut et la bibliothèque du monde, en particulier pour les jeunes et les puissant-e-s décideurs. Et moins nous sommes vu-e-s, moins nous sommes entendu-e-s, moins nous sommes connu-e-s... plus il est difficile pour nous d’inspirer, de contester, de changer le monde.

Alors, que pouvons-nous faire ?

Ceci est la traduction de ce qui est écrit sur la carte: Bien que les articles de Wikipedia constituent une ressource inestimable de connaissances pour de nombreux utilisateurs-trices, ils sont fortement biaisés dans leur répartition géographique. La carte ci-dessous se base sur 3 336 473 articles géolocalisés en novembre 2012, à partir des données stockées de 44 versions linguistiques. Chaque article est représenté par un point orange. Il y a plus d’articles Wikipedia à l’intérieur de ce cercle qu’à l’extérieur.

Whose Knowledge? : l’Internet qui nous appartient à tous, qui est pour nous tous et fait par nous tous.

Voilà pourquoi Siko Bouterse et moi – en partenariat avec de nombreux individus, organisations et réseaux – sommes en train de lancer Whose Knowledge ?,  une campagne mondiale pour reconstruire l’Internet véritablement conçu par nous tous et destiné à nous tous.

Nous serons à Bahia en septembre avec nos collègues et alliés du mouvement Wikimedia – une délégation de Wikimujeres ! Wikimujeres comprennent des wikipédiens comme Carmen Alcázar qui a organisé des événements au Mexique pour ajouter à Wikipedia des connaissances manquantes sur les femmes et le féminisme, et Sydney Poore des États-Unis dont le dernier travail se concentre sur les problèmes de santé et des femmes.

Nous sommes au Forum de l’AWID pour faire mieux connaitre Whose Knowledge ?, faire campagne et découvrir comment nous pouvons travailler ensemble avec vous. Nous allons également partager des informations sur Wikipedia et d’autres projets dans lesquels vos connaissances peuvent être partagées sous une licence libre dont tout le monde peut bénéficier. Nos Wikimujeres seront sur place pour vous aider à apprendre comment modifier Wikipedia ou partager les rapports de vos organisations de manière à ce qu’ils soient plus largement lus et référencés.

Plus important encore, nous allons lancer notre enquête ou cartographie pour que vous – féministes et organisations des droits humains des femmes – nous appreniez comment vous créez ou trouvez des connaissances sur Internet et quel savoir, important pour vous, n’existe toujours pas en ligne. Ne manquez pas les cartes physiques auxquelles nous allons vous demander d’ajouter des informations au fil des jours du Forum, ainsi que les enquêtes virtuelles qui seront accessibles sur les ordinateurs portables au Femhack Lab.

Nous aimerions que vous vous joigniez à nous ! Peut-être alors que plus de rédacteurs-trices sur Wikipedia nous ressembleront ?

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Analyses
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Global