Adolfo Lujan | Flickr (CC BY-NC-ND 2.0)
Mass demonstration in Madrid on International Women's Day
Multitudinaria manifestación en Madrid en el día internacional de la mujer

Domaines prioritaires

Aider les mouvements féministes, en faveur des droits des femmes et de la justice de genre à être un élément moteur de l’opposition aux systèmes d’oppression et à co-créer des réalités féministes.

Promotion des droits universels et de la justice

Eradiquer les fascismes et les fondamentalismes

Partout sur la planète, les défenseur·e·s féministes, des droits des femmes et de la justice de genre remettent en question les programmes des acteurs fascistes et fondamentalistes. Ces forces opprimantes prennent pour cibles les femmes, les personnes non conformes dans leur identité de genre, leur expression et/ou orientation sexuelle, ainsi que d’autres communautés opprimées.


Les idéologies discriminatoires sapent et s’emparent de nos systèmes et normes en termes de droits humains de manière à ce que seuls certains groupes aient l’exclusivité des droits. Face à cela, l’initiative Promotion des droits universels et de la justice (Advancing Universal Rights and Justice, AURJ) s’attache à promouvoir l’universalité des droits - le principe fondamental selon lequel les droits humains sont le bien de chaque être humain, quelle que soit son identité, et ce sans exception.

Nous créons un espace pour permettre aux mouvements et à nos allié·e·s féministes, en faveur des droits humains et de la justice de genre de se reconnaître, d’élaborer des stratégies et de recourir à des actions collectives afin de contrecarrer l’influence et l’impact des acteurs anti-droits. Nous cherchons également à faire avancer les cadres, les normes et les propositions féministes et relatifs aux droits des femmes, ainsi qu’à protéger et promouvoir l’universalité des droits.  


Nos actions

A travers cette initiative, nous visons à :

  • Enrichir nos connaissances : Dans le cadre du rôle de premier plan que nous assurons sur la plateforme collaborative, l’Observatoire de l'universalité des droits (Observatory on the Universality of Rights, OURs), l’AWID soutient les mouvements féministes, en faveur des droits des femmes et de la justice de genre en diffusant et vulgarisant des connaissances et des messages clés concernant les acteurs anti-droits, leurs stratégies et leur impact au sein des organismes internationaux de protection des droits humains.

  • Promouvoir des programmes féministes : Nous faisons des alliances avec des partenaires au sein d’espaces internationaux dédiés aux droits humains, notamment le Conseil des droits de l’homme, la Commission de la population et du développement, la Commission de la condition de la femme et l’Assemblée générale de l’ONU.

  • Créer et élargir les alternatives : Nous impliquons nos membres afin de garantir que les engagements, les résolutions et les normes à l’échelle internationale sont reflétées et réintroduites dans l’organisation d’autres espaces à l’échelle locale, nationale et régionale.

  • Mobiliser des actions solidaires : Nous agissons aux côtés de défenseuses des droits humains (women human rights defenders, WHRD), y compris de défenseur·e·s trans et intersexes et de jeunes féministes, et oeuvrons à contester les fondamentalismes et les fascismes tout en attirant l’attention sur les situations à risque.   

 

 

Contenu lié

La mémoire comme forme de résistance : un hommage

L’hommage se présente sous forme d’une exposition de portraits d’activistes du monde entier qui ne sont plus parmi nous qui ont lutté pour les droits des femmes et la justice sociale. 


En 2020, nous adoptons une démarche légèrement différente 

Cette année, tout en continuant à convoquer la mémoire de celleux qui ne sont plus parmi nous, nous souhaitons célébrer leur héritage et souligner les manières par lesquelles leur travail continue à avoir un impact sur nos réalités vécues aujourd’hui.

49 nouveaux portraits de féministes et de défenseur·e·s viennent compléter la gallerie. Bien que de nombreuses des personnes que nous honorons dans cet hommage sont décédé·e·s du fait de leur âge ou de la maladie, beaucoup trop d’entre iels ont été tué·e·s à cause de leur travail et de qui iels étaient.

Les histoires des activistes à l'honneur dans cet Hommage font vivre leur héritage et continuent d'inspirer le travail et l’action de nos mouvements.

Visiter notre exposition virtuelle

Les portraits de l'édition 2020 ont été illustrés par Louisa Bertman, artiste et animatrice qui a reçu plusieurs prix.

L’AWID tient à remercier nos membres, les familles, les organisations et les partenaires qui ont contribué à cette commémoration. Nous nous engageons auprès d’elleux à poursuivre le travail remarquable de ces féministes et défenseur·e·s et nous ne ménagerons aucun effort pour que justice soit faite dans les cas qui demeurent impunis.

« Ils ont essayé de nous enterrer. Ils ne savaient pas que nous étions des graines » - Proverbe mexicain

L'Hommage a été inauguré en 2012

Le premier hommage aux défenseur-e-s des droits humains a pris la forme d’une exposition de portraits et de biographies de féministes et d’activistes disparu·e·s lors du 12e Forum international de l’AWID en Turquie. Il se présente maintenant comme une gallerie en ligne, mise à jour chaque année.

Depuis, 467 féministes et défenseur-e-s des droits humains ont été mis·es à l'honneur.

Visiter notre exposition virtuelle

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On ne les oublie pas: Les défenseur-e-s des droits humains qui ne sont plus avec nous

L’AWID rend hommage aux féministes et défenseur-e-s des droits humains qui ne sont plus parmi nous, et dont les contributions à l’avancement des droits humains nous font cruellement défaut.


Honorer les féministes et défenseur-e-s des droits humains

L’hommage se présente sous forme d’une exposition de portraits d’activistes du monde entier qui ne sont plus parmi nous qui ont lutté pour les droits des femmes et la justice sociale. 

Célébré en 2012 à l’occasion du lancement du 12e Forum international de l’AWID en Turquie, le premier hommage aux défenseur-e-s des droits humains a pris la forme d’une exposition de portraits et de biographies de féministes et d’activistes disparu-e-s. Des participant-e-s au Forum ont décrit cette initiative comme « une manière à la fois unique, émouvante et vivifiante de célébrer notre histoire collective ».

Lors du 13e Forum international au Brésil, nous avons célébré les activistes féministes et les défenseur-e-s des droits humains qui nous ont quitté-e-s ou qui ont été assassiné-e-s avec une cérémonie de dévoilement d’une peinture murale, un spectacle de danse et un rituel brésilien.

Entre la tenue de ces différents événements, l’hommage continue sous forme d’une galerie en ligne, mise à jour chaque année à l’occasion de la campagne de 16 jours d’action contre la violence basée sur le genre (25 novembre-10 décembre).

Des contributions du monde entier

Depuis 2012, plus de 400 féministes et défenseur-e-s des droits humains issues de 11 régions et 80 pays ont été incluses dans notre Hommage. 

L’AWID tient à remercier les familles et les organisations qui ont partagé leurs histoires personnelles et contribué à cette commémoration. Nous nous engageons auprès d’elles à poursuivre le travail remarquable de ces militant-e-s et nous ne ménagerons aucun effort pour que justice soit faite dans les cas qui demeurent impunis.

Visitez l’expo de l’hommage en ligne

La violence et les menaces à l’encontre des défenseur-e-s des droits humains persistent

Outre l’hommage rendu à ces incroyables activistes, nous souhaitons faire la lumière sur le sort de ces défenseur-e-s des droits humains qui ont disparu ou ont été assassin-é-es.

Un tiers des activistes présenté-e-s dans cet hommage ont été assassiné-e-s ou sont disparu-e-s dans des circonstances obscures. Iels ont été visé-e-s personnellement, en raison du travail qu’iels réalisaient afin de défier : 

  • le pouvoir étatique
  • l’hétéronormativité
  • les extrémismes
  • les grandes entreprises
  • le patriarcat
  • le crime organisé
  • la corruption
  • la militarisation...

Ce fut notamment le cas d’Agnes Torres, du Mexique, assassinée en raison de son identité de genre et de son orientation sexuelle, de Cheryl Ananayo, une militante écologiste originaire des Philippines, assassinée alors qu’elle luttait contre une société minière, ou encore de Ruqia Hassan, une journaliste indépendante et bloggeuse syrienne, assassinée pour avoir critiqué l’Etat. Et de très nombreu-x-ses autres.

Avec cet hommage aux défenseur-e-s des droits humains, nous inscrivons tou-s-tes ces activistes dans notre mémoire collective et portons l’héritage de leurs luttes comme le flambeau qui éclaire les actions de nos mouvements féministes et en faveur des droits des femmes. Nous reconnaissons que la sécurité, la sûreté et le souci de soi doivent être des priorités dans l’ensemble de nos programmes politiques, et appelons ainsi tous les gouvernements et les organes internationaux à lutter contre la violence contre les féministes et les défenseur-e-s des droits humains.

Nous croyons que c’est là une étape essentielle afin de garantir la pérennité de nos mouvements en faveur de l’égalité des genres, des droits des femmes et de la justice pour toutes et tous.

Visitez l’expo de l’hommage en ligne

1. Rassemblez vos ressources

Cette section présente les principales ressources que l’AWID recommande afin que vous puissiez mener votre propre recherche WITM.

Dans cette section

Personnel requis

  • Au moins 1 personne pour diriger la mise en place générale de la méthodologie de recherche et veiller à ce que toutes les composantes clés soient en place (Sections 2-11)
  • Au moins 1 personne pour conceptualiser les principaux objectifs de recherche et les questions d’orientation
  • Au moins 1 personne pour peaufiner et mener la méthodologie de recherche, y compris la collecte de données
  • Au moins 1 personne pour procéder à une analyse qualitative et quantitative des données recueillies
  • Au moins 1 personne pour consigner et condenser les résultats de la recherche en fonction du-des public-s souhaité-s.
  • Au moins 1 personne pour réviser vos produits finaux
  • Au moins 1 personne pour sensibiliser le public au sujet de votre enquête et promouvoir les résultats de votre recherche

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Dépenses éventuelles

  • Salaire du personnel et/ou des conseiller-ère-s
  • Logiciel d’analyse des données, si vous procédez à l’analyse d’un vaste ensemble de données en interne.
    Options  :
    - SPSS
    - Stata
    - R (gratuit)
  • Le coût de production des publications et des produits découlant de la recherche
  • Si jugé utile, un prix d’incitation que pourraient gagner les personnes qui remplissent le questionnaire
  • Si jugé utile, mesures d’incitation à offrir vos conseillers

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Temps estimé

  • Pour le processus de recherche : six à dix-huit mois, selon la taille de l’ensemble des données et la capacité du personnel
  • Pour les activités de plaidoyer : un à deux ans, conformément à vos objectifs organisationnels

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Ressources requises

  • Liste d’organisations, de donateurs et d’activistes agissant à titre consultatif
  • Liste des activités et espaces en ligne/réseaux à qui distribuer votre enquête et présenter les résultats de votre recherche
  • Liste de donateurs, d’activistes et d’organisations de droits des femmes à interviewer
  • Questions des interviews préparées
  • Liste des sources de publications à utiliser dans le cadre de la recherche documentaire

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Ressources disponibles

Outils en ligne

Quand vous aurez rassemblé ces ressources, vous pourrez estimer les coûts de votre recherche à l’aide de notre Fiche de travail « Êtes-vous prêts-es ? »

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Étape précédente

Avant de commencer

Étape suivante

2. Cadrez votre recherche

2019 : Réalités féministes dans un monde en évolution

L’AWID a commencé à préparer ce rapport annuel au moment même où la pandémie mondiale commençait à bouleverser nos modes de rassemblement, d’organisation et de vie. Nous ne pouvons donc passer en revue notre travail sans prendre en compte l’influence de la COVID-19 dans notre évaluation.  

Téléchargez le rapport annuel 2019 complet (PDF)


La cocréation de réalités féministes n’est plus seulement le thème du Forum l’AWID – elle est un cri de ralliement suite à une pandémie démontrant les failles des systèmes économiques, politiques et sociaux.

Elle est une affirmation urgente de l’existence d’autres façons, plus justes, d’organiser nos vies. En 2019, des centaines de groupes ont partagé avec nous leurs expériences et leurs propositions : des réseaux radicaux de soutien communautaire en Amérique latine, qui facilitent l’avortement autogéré, aux pratiques économiques centrées sur les communautés en Indonésie et aux systèmes alimentaires communautaires en Inde et aux États-Unis, en passant par une réinvention et une nouvelle pratique de rites de passage sans danger en Sierra Leone. Ce sont ces expériences qui traceront la voie d’une « nouvelle norme ».  

Pour autant, les historiques d'oppression et de violence peuvent rendre l'imagination des possibles compliquée. Un élément clé de notre travail en 2019 a été d’initier ces pistes via la boîte à outils visant à soutenir les groupes qui cherchent à dénicher des histoires et des aspirations, piliers de propositions féministes.

Tandis que nous focalisons sur nos propositions pour un autre monde, nous reconnaissons le contexte difficile qui nous entoure.

Au sein de l'Observatoire de l'universalité des droits (OURs), de Feminists for a Bing Treaty (Féministes pour un traité contraignant), de Count Me In ! (Comptez sur moi!) et d’autres alliances, l’AWID n’a pas cessé de contrer le pouvoir débridé des entreprises et les agendas fascistes et fondamentalistes qui mettent à mal les droits des femmes et la justice de genre. Dans un contexte de perspectives sombres pour un changement transformateur par les processus multilatéraux et de capacités limitées à réagir pour la plupart des États, nous redoublons d'efforts pour nous assurer que les mouvements féministes, dans toute leur diversité, soient dotés de ressources adaptées aux rôles majeurs qu'ils jouent – en soutenant leurs communautés, en réclamant des droits et en répondant aux crises. En 2019, nous avons introduit des principes et des approches féministes aux fonds révolutionnaires tels que l'Initiative Spotlight et le Fonds Égalité. Nous avons de plus réussi à mobiliser des ressources via des aides à l’amorçage de réalités féministes, financées par des bailleurs féministes. 

À l’heure où nous nous penchons vers l'avenir, le contexte appelle clairement à une transformation de nos stratégies d'organisation :

  • nous apprenons à naviguer dans un plaidoyer mondial se limitant aux canaux en ligne,
  • nous composons avec l'incertitude du moment et des modalités de réunions en face à face, et
  • nous utilisons les outils à notre disposition pour accentuer les connexions entre les sphères locales et mondiales.

L’AWID se lance dans un nouveau modèle d'adhésion qui permet un meilleur accès et met l'accent sur les opportunités d'engagement et de connexion entre membres. Nous continuerons d'expérimenter différents outils et processus en ligne pour renforcer notre communauté. Et l'engagement inter-mouvements restera au cœur de notre travail. Nos actions solidaires envers les mouvements et les identités opprimées, même et surtout lorsqu’ils sont marginalisés, sont importantes pour conduire le changement et soutenir des mouvements, inclusifs pour tou·te·s.

La crise n'est pas nouvelle pour les mouvements féministes et sociaux.

Nous sommes résilient·e·s, nous nous adaptons et nous sommes présent·e·s les un·e·s pour les autres. Nous devrons continuer à faire encore mieux. Merci à toutes les personnes qui nous accompagnent dans cette aventure.

Téléchargez le rapport annuel 2019 complet (PDF)

Agroécologie et souveraineté alimentaire

Le contexte

La recherche de moyens alternatifs de production alimentaire fondés sur la durabilité environnementale gagne du terrain dans toutes les régions du monde. Cette quête mondiale présente une caractéristique centrale : la nécessité de mobiliser les populations rurales, en particulier les femmes, tenant compte de leurs priorités et de leurs connaissances locales par le truchement de l’agroécologie.

Définition

L’agroécologie est une façon de pratiquer l'agriculture ou de faire appel aux technologies qui ne nuit pas à l'environnement. Cette approche propose de rompre avec le modèle de développement rural hégémonique reposant sur les grandes exploitations et la monoculture qui profitent essentiellement aux entreprises agricoles et renforcent l'exclusion sociale.

Dans le contexte de l'agriculture familiale, l'agroécologie représente une forme de résistance au modèle de développement actuel et aux problèmes sociaux, culturels, environnementaux et économiques que ce modèle implique. L’agroécologie se pose en alternative face au manque d'autonomie financière des agriculteur-trice-s et symbolise une résistance face au modèle d'agroentreprises actuel.

Perspective féministe

Il se pourrait que les efforts uniquement axés sur l'agroécologie ne suffisent pas à résoudre tous les problèmes de la marginalisation et de l'invisibilité des femmes. Il est alors crucial d’adopter une perspective féministe afin d'analyser les normes associées à la notion de famille telle qu'actuellement constituée en tant qu'institution parfaite, ainsi que les normes relatives à la condition de subordination des femmes.

Plus simplement, il importe d'inclure une réflexion sur les rôles de genre socialement construits pour faire avancer le potentiel émancipateur de l'agroécologie dans ce débat.


Pour en savoir plus sur cette proposition :

Marta Musić

Biography

Marta est chercheur·se et activiste queer, transféministe et non binaire, originaire de l'ex-Yougoslavie, actuellement basé·e à Barcelone. Iel facilite des mouvements transnationaux, tisse des alternatives systémiques et est économiste féministe. Iel a cofondé et coordonné avec d’autres la Tapisserie mondiale des alternatives, un processus mondial qui cherche à identifier, documenter et relier les alternatives aux niveaux local, régional et mondial. À l’échelle locale, Marta est engagé·e au sein d’organisations antiracistes, transféministes, queer et migrantes. Iel détient également un doctorat en sciences et technologies environnementales de l'Université autonome de Barcelone, consacré aux perspectives féministes décoloniales d'une pluralité d'alternatives systémiques et à la création de systèmes alternatifs féministes basés sur les soins et la pérennité de la vie. Pendant son temps libre, iel aime boxer, jouer de la guitare et de la batterie dans un groupe de samba, faire de la photographie, de la randonnée, cuisiner pour ses proches et gâter ses deux chats.

Position
Responsable de la Construction d’Économies Féministes
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Merci d'avoir téléchargé la Boîte à outils des réalités féministes

Maria Olivo

Biography

Maria est graphiste et communicatrice visuelle. Elle a travaillé dans le secteur des Organisations Non-Gouvernementales et des droits humains, avec par exemple Profamilia et OXFAM. En tant que femme du Sud Global, elle se sent particulièrement appelée à utiliser ses compétences pour travailler avec des organisations qui contribuent à protéger le bien-être ainsi que les droits de millions de filles et de femmes en Amérique latine.

Position
Coordonnatrice des Informations, Communications et Médias
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Ali Chavez Leeds

tasseography print justice. Print on paper, 4 color screen print, 8.5x11, 2016
Impression sur papier, sérigraphie 4 couleurs, 8.5x11, 2016

«Tasseography» (Tasséomancie)

La tasséomancie est une méthode de divination qui interprète les motifs dans les feuilles de thé et/ou le marc de café. Il s’agit d’une pratique qui se transmet par les femmes de mon côté arménien et qui m’a été enseignée par ma mère, qui elle-même l’a apprise de sa mère, et ainsi de suite. Lorsque je regardais ma grand-mère lire le marc de café du café arménien préparé pour la famille et les amis, je remarquais que, souvent, elle voyait ce qu'elle avait envie de dire. Ces gravures disent certaines des choses que j’ai envie de voir dans le monde ; j'espère que vous aussi.  

Our Promise
Impression relief sur papier, 11 × 14 in, 2021

«Our Promise» (Notre promesse)

Cette gravure célèbre la résilience, le sacrifice et la force des combattant·e·s de la liberté de l’Asie du Sud-Ouest et de l’Afrique du Nord à travers l'histoire et la solidarité qui existe. Elle a été inspirée à l'origine par un article que j'ai lu sur une exposition organisée à Tatvan, un district de Bitlis, qui mettait en lumière la présence arménienne dans la région. Mes ancêtres sont originaires de Bitlis, se situant aujourd'hui sur le territoire de la Turquie actuelle.

looking at the cup
Impression relief sur papier, 8.5 × 11 in, 2020

«Looking at the Cup» (Regarder la tasse)

La tasséomancie (la lecture du marc de café) est une pratique culturelle utilisée par les femmes arméniennes depuis des siècles pour se parler entre elles et les unes aux autres, un langage codé permettant d'entamer des conversations, d'établir des relations et de tisser des liens.

À propos d’Ali Chavez Leeds 

]Ali Chavez Leeds portrait
Ali Cat Leeds (elle/iel) est une artiste et graveuse qui vit sur les territoires non cédés de Cowlitz, Multnomah et des tribus confédérées de Grand Ronde, au confluent de deux rivières, également connu sous le nom de Portland, Oregon. Elle produit ses œuvres sous le nom de Entangled Roots Press. Ses impressions mêlent le littéral et le métaphorique pour éclairer et commenter le monde qui nous entoure. Les impressions en relief, sérigraphiques et typographiques vont du carnage de la déforestation à la beauté des mouvements des peuples. Les impressions d'Ali s'inspirent d'histoires ancestrales et s'orientent vers des avenirs libérateurs ; elles enchevêtrent les leçons des jardins, les symboles dans le marc de café, les fils tissés d'Arménie et d'Euskal Herria, jusqu'à la page imprimée.

Brenda Salas Neves

Biography

Originaire de la cordillère des Andes, Brenda Salas est un·e stratège féministe queer. Iel œuvre à changer les discours et mobiliser les ressources pour soutenir les mouvements de justice raciale et climatique dans le monde entier. Brenda a produit de nombreux projets de communication pour exalter le pouvoir des migrant·e·s et dénoncer les interventions militaires américaines en Amérique latine avec Deep Dish TV et le Portland Central America Solidarity Committee (Comité de Solidarité avec l’Amérique centrale de Portland). Fier·ère d’être membre de l’Audre Lorde Project, iel est titulaire d’un diplôme du mouvement United World Colleges (UWC).

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Ishtar sur pellicule

Hind and Hind portrait

Hind et Hind étaient le premier couple queer documenté dans l’histoire arabe. Dans le monde d’aujourd’hui, iel est un·e artiste queer du Liban.

Hind and Hind Article Cover

Séquence 1.

À l’âge de six ans, j’appris que mon grand-père avait un cinéma. Ma mère me raconta comment il l’avait ouvert au début des années 1960, quand elle avait également à peu près six ans. Elle se rappelait qu’il avait projeté La Mélodie du bonheur le soir de l’ouverture.

Je passais au cinéma tous les week-ends et regardais mon grand-père jouer au backgammon avec ses amis. Je ne savais pas qu’il vivait là, dans une pièce située juste en dessous de la cabine de projection. J’appris plus tard qu’il y avait emménagé à la suite de la séparation d’avec grand-mère, et de la fermeture du cinéma dans les années 1990, peu après la fin de la guerre civile libanaise.

Pendant des années et jusqu’à son décès, je voyais généralement mon grand-père jouer au backgammon à l’accueil du cinéma, qui n’était plus du tout entretenu. Ces scènes à répétition sont mes seuls souvenirs de lui. Je n’ai jamais vraiment appris à le connaître – on ne parlait jamais de cinéma, malgré qu’il ait passé tout son temps dans un cinéma en déperdition. Je ne lui ai jamais demandé ce que ça faisait de vivre dans un lieu comme celui-là. Il est mort quand j’avais 12 ans, le soir de Noël, d’une chute dans l’escalier en colimaçon qui montait jusqu’à la cabine de projection. C’est presque poétique qu’il soit mort en mouvement, dans une maison où les images en mouvement sont perpétuellement suspendues dans le temps.


Séquence 2.

Au printemps 2020, mon cousin m’a appelée pour me dire qu’il avait nettoyé le cinéma de mon grand-père et me demandait de le retrouver là-bas. Tous les deux, nous avions toujours rêvé de remettre le cinéma sur pied. J’arrivai sur place avant lui. À la réception, des cadres d’affiches étaient toujours accrochés aux murs… mais les affiches avaient disparu. Je savais qu’il devait rester des souches de places de ciné quelque part. Je les ai toutes trouvées dans une petite boîte en fer, sur une étagère derrière le bureau de l’accueil, et j’en ai profité pour en glisser quelques-unes dans ma poche.
 
Je commençai à me promener dans le ciné. Sur la scène principale, l’écran de projection était plutôt sale et quelque peu abîmé sur les côtés. Je passai mon index sur l’écran pour enlever une couche de poussière, et remarquai qu’il était toujours bien blanc en dessous. La toile semblait également en bon état. Je levai la tête pour voir si les rideaux de ma grand-mère, faits de satin blanc et arborant un petit emblème en lisière à l’effigie du cinéma, étaient toujours en place. Dans la pièce, il y avait une salle basse, une salle principale et un balcon. Les chaises semblaient vraiment très usées.

Je remarquai le projecteur qui dépassait d’une petite fenêtre à l’extrémité des places au balcon. Je gravis les marches en colimaçon jusqu’à la cabine de projection.

La pièce était sombre mais une source de lumière provenant des fenêtres poussiéreuses tombait sur une pile de bobines de films dans un coin. Des bandes de celluloïde sans vie gisaient emmêlées au pied du projecteur. Les bobines poussiéreuses étaient toutes des westerns, des films de Bollywood et de science-fiction, avec des titres horribles comme La Météorite qui détruisit la Terre, ou d’autres du même genre. Certaines d’entre elles attirèrent mon attention, et notamment de petites bandes de pellicule. Une par une, les bandes montraient différentes scènes de baisers, des danses suggestives, une vague scène de rassemblement, un gros plan d’une femme allongée bouche ouverte, le générique de début d’un film de Bollywood, et une étiquette « Actuellement à l’affiche » répétée sur plusieurs images.

Les génériques des films de Bollywood me rappelaient ma mère. Elle me racontait qu’on distribuait des mouchoirs aux spectateurs et spectatrices à la fin des projections. Je conservai les bandes avec les scènes de baisers et de danses suggestives, supposant qu’elles avaient été coupées pour des raisons de censure. Le gros plan sur la femme me rappela un extrait du film Visible Man de Béla Balázs, ou The Culture of Film, The Spirit of Film ou encore The Theory of the Film. Mon grand-père disait que les gros plans dans un film étaient comme un

soliloque silencieux, dans lequel un visage peut parler avec des nuances de sens les plus subtiles, sans sembler artificielles ni rappeler la distance des spectateurs. Dans ce monologue silencieux, l’âme humaine solitaire peut trouver une langue plus candide et désinhibée que tout soliloque parlé, car elle s’exprime instinctivement, subconsciemment.

Balázs décrivait surtout les gros plans de Jeanne dans le film muet La Passion de Jeanne d’Arc. Il remarquait combien « … dans le (cinéma) muet, l’expression faciale, isolée de son environnement, semble pénétrer une étrange nouvelle dimension de l’âme ».
 
J’examinai plus précisément la bande de pellicule. La femme semblait morte, son visage semblable à un masque. Cela me fit penser à l’Ophélie du peintre John Everett Millais. Dans son livre On Photography, Susan Sontag dit que la photographie est « une trace, quelque chose de marqué directement sur la bobine, comme une empreinte ou un masque mortuaire ». Ces masques mortuaires sont comme une présence qui rappelle une absence.

Je me souviens de ma rencontre avec un discours sur la mort et la photographie dans le film The Machine that Kills Bad People de Roberto Rossellini, tombé dans l’oubli. Dans ce film, un cameraman prend des photos de gens, qui sont alors figés, puis suspendus dans le temps. Le critique de cinéma français André Bazin disait que la photographie capture les corps hors du flux de l’amour et les conserve en les embaumant. Il décrivait cette momification photographique comme étant « la préservation de la vie par une représentation de la vie ».

Cette cabine de projection, sa disposition et toutes les choses qui semblaient avoir été déplacées, y compris les bandes de pellicules sur le sol, tout ce sur quoi mon grand-père avait laissé sa marque – je voulais absolument tout protéger.

Sous les bandes de pellicule reposait une bobine de film poussiéreuse intacte. On aurait dit que quelqu’un avait regardé le film en faisant dérouler la pellicule à la main. C’est à ce moment que mon cousin arriva en haut de l’escalier en colimaçon et me trouva en train de l’examiner. Se frottant le menton du bout des doigts, de manière très factuelle, il me dit : « Tu as trouvé le porno ».

 

Séquence 3.

J’observai la bande de film dans ma main et réalisai que ce n’était pas une scène de décès. La bande avait été coupée de la bobine d’un porno. La femme gémissait d’extase. Les gros plans servent à communiquer des sentiments d’intensité, d’extase, mais je n’avais jamais vraiment utilisé les théories de Balázs pour décrire une scène porno. Il écrivait « le paroxysme dramatique entre deux personnes sera toujours présenté comme un dialogue d’expression faciale en gros plan ». Je fourrai les bandes de films dans ma poche et donnai à la femme le nom d’Ishtar. Elle vit dans mon portefeuille depuis. Il semble étrange de comparer la représentation détaillée des peurs et du courage de Jeanne avec l’expression faciale orgasmique d’Ishtar.

D’après mon cousin, le frère de mon grand-père attendait que ce dernier ait quitté le cinéma et, au lieu de le fermer, il invitait ses amis à des projections privées. Je n’en pensais pas grand-chose. C’était une pratique courante, surtout pendant et après la guerre civile au Liban. Après la guerre, il y avait des téléviseurs dans presque tous les foyers libanais. Je me souviens même en avoir un dans ma chambre à la fin des années 1990, quand j’avais à peu près six ans. On m’avait dit que c’était courant d’acheter des films porno en cassette VHS à l’époque. Mohammed Soueid, un écrivain et réalisateur libanais, m’a dit un jour que les cinémas projetaient des films d’art et d’essai et de pornographie de la moitié des années 1980 à la moitié des années 1990, pour survivre. J’ai aussi entendu dire que les projectionnistes découpaient les bobines de films porno pour modifier les montages et pouvoir projeter quelque chose de différent chaque soir. Les gens sont finalement restés confortablement chez eux à regarder des cassettes VHS sur leur téléviseur, et les cinémas ont commencé à décliner.
 

Séquence 4.

Mon cousin redescendit pour consulter les archives administratives dans le bureau.
 
Je restai dans la cabine et commençai à faire glisser la bande entre mon index et mon majeur, la relevant avec les pouces pour faire lentement défiler les images entre mes mains. Je levai les mains pour capter la lumière de la fenêtre poussiéreuse et plissai les yeux pour tenter de deviner ce que cachaient les vignettes monochromes. Dans cette série d’images figurait un gros plan exagéré d’une bite plantée dans un vagin. L’image se répétait sur plusieurs cadres, jusqu’à ce que j’arrive à un nœud dans la bande, et que j’imagine le reste.

 

 
 
Photo of a film negative stretched out

Séquence 5.

Hank exhibe son érection devant Veronika, couchée sur un lit à côté d’un faux secrétaire Louis XIV. Elle se lève lentement et fait glisser la fine bretelle de sa nuisette transparente de son épaule gauche. Hank dénoue sa robe de voile, la retourne, lui donne une claque sur les fesses et la pousse contre le secrétaire. Il enfonce sa bite dans sa chatte de manière répétée, alors que l’arrière du meuble frappe contre le mur tapissé.

 

Séquence 6.

Je fais toujours attention aux décorations intérieures depuis que mon enseignante en Études des femmes dans le porno m’a dit que les plus grandes archives de porno d’Amérique du Nord sont utilisées, de manière intéressante, pour examiner le mobilier de la classe moyenne de l’époque. Donc, alors que Veronika se penche et se fait prendre par derrière par Hank, une assistante en recherche universitaire pourrait tout aussi bien tenter de deviner le design du motif doré sur le secrétaire, ou étudier le relief rococo d’une chaise en bois dans un coin.

Pendant un moment, la cabine est devenue un espace d’imagination sexuelle féminine, perturbant un espace généralement promis à la liberté de la sexualité masculine. J’étais sûre que seuls les hommes pouvaient accéder aux cinémas qui diffusaient des films porno. La bobine de film était trop emmêlée pour pouvoir être démêlée dans une cabine de projection où la poussière s’accumulait depuis une décennie, donc je la fourrai dans mon sac de sport et sortis du cinéma.

Je ne sais pas ce qui m’a pris, mais je me suis sentie obligée de la garder. Je voulais ressentir l’excitation de garder quelque chose de mystérieux, quelque chose de non orthodoxe. Dans mon esprit, j’étais sûre que les gens savaient que je cachais quelque chose pendant que je descendais la rue. J’étais prise d’un sentiment de culpabilité mêlée de plaisir. Je me sentais perverse.

 

Séquence 7.

J’entrai dans la maison, préoccupée par le fait d’avoir une bobine de porno dans mon sac de sport et le fil de mes pensées qui s’était déroulé sur la route du retour à la maison. Je me dirigeai immédiatement vers ma chambre. Dans un coin un peu éloigné de mon esprit, je me suis rappelée que derrière mon mur se trouvait la chambre de Layla. Elle n’était probablement pas à la maison, mais la possibilité d’être entendue m’excitait. Je fermai la porte de ma chambre et sortis la bobine du film d’Ishtar.

Je l’imaginais habillée d’une légère robe en voile verte, dansant de manière suggestive devant moi, balançant ses hanches et me souriant du regard. Je m’allongeai sur mon lit et glissai mes doigts dans ma culotte. Soulevant mes hanches, je fis descendre ma main entre mes cuisses pour les écarter et glisser deux doigts à l’intérieur. Je me tendis en caressant mes plis chauds. Je gémis avant même de pouvoir m’arrêter. Je haletai et remuai mes reins. Les rayons de soleil qui entraient par la fenêtre me plaquaient des baisers sur la peau sans le vouloir. Je retenais mon souffle et mes membres tremblaient. J’avalai un cri et reposai à plat sur le matelas.

Séquence 8.

Quand j’étais en premier cycle à l’université, je suivais un cours d’Introduction au cinéma et la professeure, Erika Balsom, avait prévu une projection du Variety de Bette Gordon. J’étais excitée à l’idée de regarder le premier film de la productrice Christine Vachon, avant qu’elle ne se mette à produire des films qui font maintenant partie du mouvement du Nouveau cinéma queer. Variety était décrit comme un film féministe sur Christine, une femme qui commence à travailler à la billetterie d’un cinéma porno de New York appelé The Variety Theater. Christine peut entendre le son des films au cinéma, mais ne pénètre jamais dans les salles. Elle finit par s’intéresser à un client régulier, qu’elle observe de près. Elle le suit dans une boutique pour adultes où elle se tient à l’écart et feuillette des magazines pour adultes pour la toute première fois.

Le voyeurisme de Christine est affiché de différentes manières tout au long du film. Le script est également très chargé et contient des monologues érotiques qui seraient aujourd’hui considérés obscènes ou vulgaires.

Dans une scène qui se déroule dans une salle de jeux, elle lit de la littérature érotique à son copain. La caméra fait des allers-retours entre des gros plans des fesses de son copain Marc qui joue au flipper, faisant des mouvements de va-et-vient avec ses hanches contre le flipper, et un gros plan du visage de Christine qui lui récite son monologue.
 

 

Séquence 9.

Photo of a person holding porn film reel

« Sky fait du stop et est pris par une femme qui conduit une camionnette. Il est tard et il a besoin d’un endroit où dormir, elle lui propose donc de dormir chez elle.

Elle lui montre sa chambre et lui propose un verre. Ils boivent en discutant, puis décident d’aller se coucher. Ne parvenant pas à dormir, il remet son pantalon et traverse le hall jusqu’au salon. Il s’arrête avant de pouvoir être vu, mais il peut voir la scène. La femme est allongée nue sur la table basse, dont seules les jambes dépassent. Tout son corps est d’une blancheur excitante, comme s’il n’avait jamais été exposé au soleil. Ses mamelons sont d’un rose brillant, en feu, presque des néons. Ses lèvres sont entrouvertes. Sa longue chevelure de couleur châtain touche le sol; au bout de ses bras tendus, ses doigts caressent l’air. Son corps huilé est tout en rondeurs, sans angle ni os saillants. Glissant sur sa poitrine, un gros serpent entoure un de ses seins et descend contre le second. La langue du serpent lui lèche la chatte, si ouverte, si rouge dans la lumière de la lampe. Chaud et confus, l’homme retourne à sa chambre et, avec beaucoup de difficulté, parvient à s’endormir. Le lendemain matin, autour d’un bol de fraises, la femme lui demande de rester une autre nuit. Une fois encore, il ne parvient pas à dormir […] »

 

Séquence 10.

Quand j’avais 23 ans, Lynn, la fille de mon cours de cinéma avec qui je sortais, m’a prise par surprise en m’emmenant regarder des court-métrages érotiques le jour de la Saint-Valentin. L’événement avait lieu au Mayfair Theater, un vieux cinéma indépendant. L’architecture du cinéma rappelait les Nickelodéons d’Amérique du Nord, mais en plus vieillot. Ses balcons étaient décorés avec des cartons de Swamp Thing et d’Alien en taille réelle.

Cette année-là, le jury du festival était présidé par la star de cinéma pour adultes Kacie May, et le programme composé de court-métrages d’une heure et demie. Le contenu allait de courts-métrages soft sans machisme à des films scato fétichistes. Nous avons regardé quelques minutes de ce qui semblait être un porno hétérosexuel soft. Le film suivait un couple qui commence à faire l’amour dans un salon moderne, puis passe à la chambre. Il s’agissait surtout de scènes des deux en train de s’embrasser, se toucher et faire l’amour en position du missionnaire. Puis une femme avec un bob châtain entre dans leur lit, se léchant le dos de la main à petits coups de langue. Elle miaule et grimpe sur le couple, qui ne semblait pas y faire attention. Le couple continue à faire l’amour. Elle va alors jusqu’à la cuisine, ramasse son bol vide avec les dents et le dépose sur un coussin. Elle continue à faire des aller-retours jusqu’au couple pendant tout le reste du film. Cela semblait plutôt absurde. J’ai commencé à rire, mais Lynn avait l’air un peu mal à l’aise. J’ai alors regardé sur notre gauche et vu d’autres spectateurs et spectatrices se passer des bières et se gaver de pop-corn, tout en riant hystériquement. Leur rire ininterrompu et leurs commentaires à haute voix donnèrent le ton du festival. Regarder les spectatrices et les spectateurs est devenu plus intéressant que de regarder les films érotiques. Le Mayfair Theater projetait souvent des films culte, et regarder des films culte est une expérience de communion.

Ce n’est pas exactement la manière dont j’imaginais que l’oncle de ma mère regardait du porno au cinéma de mon grand-père. Les cinémas projetaient de manière évidente des films porno à l’époque, mais je ne pouvais imaginer cela se dérouler dans la ville de naissance de ma mère. Je l’imaginais regarder le film depuis le projecteur dans la cabine afin de pouvoir rapidement arrêter la projection en cas d’arrivée inopinée d’autres personnes. Ses amis prenaient place au balcon à l’arrière. Personne ne pouvait entrer à moins d’avoir la clé, donc ils étaient en sécurité. Ils devaient penser à tout. C’était un quartier chrétien conservateur et ils ne voulaient surtout pas causer d’ennuis. Ils étaient probablement dépassés par des sentiments d’excitation et de culpabilité. Les voix fortes de plaisanteries homoérotiques se mélangeaient à des gémissements et des râles, mais ils se rappelaient mutuellement de baisser le ton toutes les quelques minutes. Ils se relayaient à la fenêtre pour vérifier que les bruits ne pouvaient pas interpeller les voisins. Ils éteignaient parfois les haut-parleurs et regardaient sans le son.
 

 

Séquence 11.

Après une manifestation politique en 2019, je suis tombée sur un bouquiniste sur la rue Riad El Solh, près de la Place des martyrs dans le centre de Beyrouth. Au bout d’une des tables, passés les exemplaires d’Hugo et de Beauvoir, je trouvai une pile de romans érotiques et de magazines pour adultes. C’étaient des traductions de publications occidentales. J’en pris une vraiment au hasard; tout ce que je voulais, c’était détenir un exemplaire, juste pour le frisson. J’ai cherché celui avec la couverture la plus artistique.

En me rendant ma monnaie, le vendeur me demanda : « Je ne t’ai pas déjà vue quelque part? ». Il se mit à observer ma poitrine, descendant le regard plus bas. Il supposait probablement que je travaillais dans l’industrie du sexe ou du porno. Je le regardai bien dans les yeux et lui répondis que « Non ». Je fis demi-tour, prête à m’éloigner avec mon magazine. Il m’arrêta alors pour me dire qu’il avait beaucoup d’archives dans son sous-sol, et qu’il vendait régulièrement des collections et des publications de porno sur eBay, vers l’Europe et les États-Unis. J’aurais bien été intéressée à fouiller dans ses archives, mais je n’étais pas à l’aise et déclinai son offre. Je ne me sentais pas en sécurité. Je lui demandai où il trouvait ses romans. À ma grande surprise, ils étaient publiés au Liban.

En me dirigeant vers la statue de Riad El Solh, je parcourus la publication que j’avais achetée et trouvai le format du texte quelque peu démodé; les caractères de police étaient un peu flous, rendant le texte illisible. Les photographies à l’intérieur étaient faites de collages pornographiques aux couleurs passées. Ça paraissait assez cru; ça me plaisait. Le roman avait pour titre Les journaux intimes de Marcel.

La couverture était de manière évidente un découpage de magazines collés sur une feuille bleue. Sur l’image, une femme torse nu attrape la tête de son amant, enfonçant ses doigts dans ses cheveux, pendant qu’il lui embrasse le cou par derrière. La fermeture de sa jupe est entièrement descendue. Son amant à la main sur le bas de sa hanche droite. Sa main à elle est sur la sienne. Ses lèvres sont retroussées et entrouvertes, comme si elle gémissait de plaisir, ses cheveux blonds et raides à la mode des années 1970 descendant sur sa poitrine et couvrant partiellement ses mamelons.

J’ouvris la première page. La préface indiquait

شهوات”
 “وشذوذ        

ce qui se traduit par

« Désir
                            et débauche »

ou par

« Désir
                                 et perversion »

Je lus le premier chapitre et réalisai que la personne qui avait traduit le texte avait changé le prénom du personnage principal en Fouad, un prénom arabe. Je supposai que l’idée était que le lectorat masculin libanais s’identifie à l’histoire. En continuant ma lecture, je réalisai que toutes ses amantes portaient des noms étrangers comme Hanna, Marla, Marcel, Marta.

 

 

Marcel Diaries

Séquence 12.

Je réalisai à la page 27, chapitre quatre, que Marcel était un des amants de Fouad.

 

 

Illustration of film reel

Séquence 13.

La scène avait lieu dans un cinéma. Les cinémas étaient souvent des espaces de liberté sexuelle en Amérique du Nord, et particulièrement depuis les années 1970, suite à la révolution sexuelle.

Cover of an Erotic Book, a man kisses a woman's neck

Je supposais également que tous les noms étrangers avaient été conservés pour donner une touche exotique au texte et le rendre moins tabou. La pornographie et l’érotisme étaient attribués à Hollywood, bien que le monde arabe ait de tout temps produit des textes érotiques. L’érotisme est devenu tabou, et la seule manière d’en produire sans danger est de le commercialiser comme un produit étranger, exotique.

Il est intéressant de noter comment l’exotique couvre l’érotique. La différence entre les deux adjectifs remonte à leur étymologie grecque respective : exotique vient de exo, « extérieur », qui signifie également autre, étranger; tandis qu’érotique est dérivé d’Éros, le dieu de l’amour sexuel. Donc, ce qui est exotique est mystérieux étranger – et ce qui est érotique est sexy.

Au Liban, la distinction entre l’exotique et l’érotique au cinéma est très ténue, tout comme la frontière entre films d’art et films porno. En 2015, lors d’une conversation avec la réalisatrice Jocelyne Saab dans un restaurant vietnamien de Paris, j’appris qu’elle avait dû tourner son film Dunia une deuxième fois pour modifier le dialecte égyptien en dialecte libanais. Elle me dit que ses acteurs et actrices étaient égyptiennes et égyptiens, et qu’elle n’était pas très stricte quant au script. Elle n’avait cependant pas le droit d’utiliser le dialecte égyptien. Le film devait être en libanais parce que les producteurs s’inquiétaient des scènes érotiques un peu limites dans le film. Ils en ont donc fait un film étranger.

Qu’est-ce que le Forum international de l’AWID ?

Le Forum international de l'AWID est un rassemblement de quelque 2 000 leaders et militant-e-s pour les droits des femmes du monde entier. Ce Forum de l'AWID est la manifestation récurrente de ce type la plus importante au monde. Il a lieu chaque fois dans un pays du Sud différent.


Le Forum international de l'AWID est à la fois un événement communautaire mondial et un espace de transformation personnelle radicale. Rassemblement unique en son genre, le Forum réunira nos mouvements féministes, de défense des droits des femmes, de justice de genre, LBTQI+ et alliés, dans toute leur diversité et leur humanité, afin de nous connecter, nous apaiser et nous épanouir.

Rejoignez-nous à Bangkok, en Thaïlande et en ligne en décembre 2024.

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Lettre d’amour aux mouvements féministes #3

Lettre d’amour au féminisme

par Marianne Mesfin Asfaw
 

Enveloppes de scrapbooking qui disent Lettres d'amour aux mouvements féministes. L'enveloppe du dessus dit De Marianne Mesfin Asfaw

 
J’ai de nombreux souvenirs émotifs de mon aventure vers le féminisme, mais un en particulier me vient à l’esprit. Je suis alors en études supérieures, à une conférence dans le cadre d’un cours sur la théorie féministe. La conférence porte sur le féminisme africain et la professeure nous parle de l’histoire du panafricanisme et explique en quoi ce mouvement est patriarcal, centré sur les hommes, et comment les universitaires panafricanistes perpétuent l’effacement des femmes africaines. Elle commente la manière dont les contributions des Africaines aux luttes anticoloniales et décoloniales sur le continent ne sont que rarement, voire jamais l’objet de discussions et que l’on ne crédite que rarement les autrices. Nous lisons alors des textes sur des universitaires africaines féministes qui remettent en question cet effacement et mettent en lumière les récits de mouvements et efforts de résistance menés par des Africaines. Cela semble naïf, mais ce qui me paraissait le plus frappant était que l’on puisse juxtaposer les termes « africaine » et « féministe ». Et également que nous étions très nombreuses dans les différents coins du continent à nous débattre avec une histoire, des politiques et des normes sociétales compliquées, que nous envisagions cependant toutes selon le prisme du féminisme. Je suis sortie de cette conférence à la fois émue et complètement chamboulée. Trois de mes amies (toutes féministes africaines) et moi-même sommes sorties discuter du contenu de ce que nous venions d’entendre. Nous étions ébahies par l’excellence de la conférence et du contenu mais, plus que tout encore, nous nous sentions véritablement vues. Et c’est cette sensation qui m’est restée.
 
Tomber en amour avec le féminisme était époustouflant. C’était comme de finalement pouvoir parler à un coup de cœur de longue date, et de se rendre compte qu’on lui plaît aussi. Je parle de coup de cœur parce qu’au lycée je me disais féministe, tout en sentant que je n’en savais pas assez. Y avait-il une bonne manière d’être féministe? Et si je ne m’y prenais pas bien? Ma première conférence en Études féministes a répondu à toutes ces questions. C’était génial d’apprendre toutes ces histoires de résistance féministe et de démantèlement du patriarcat. Je sentais que je m’affirmais et que j’étais validée, mais je sentais également qu’il manquait quelque chose.
 
Approfondir ma relation avec le féminisme dans une institution universitaire où la majorité des élèves et du corps enseignant étaient blancs signifiait que pendant ces premières années, nous ne discutions que rarement de la place de la race ou du dénigrement des Noir·es dans les mouvements féministes traditionnels. Dans la plupart des cours, il y avait peut-être une semaine, ou pire une seule séance qui portait sur la race et nous lisions alors généralement un texte de bell hooks ou de Kimberly Crenshaw sur l’intersectionnalité, et peut-être un autre de Patricia Hill Collins. Et la semaine suivante, nous continuions à botter le sujet en touche. Je gérais cette situation en incluant la race et le féminisme noir dans presque tous mes travaux, en écrivant sur les cheveux des Noir·es et la politique de respectabilité, sur l’hypersexualisation du corps des femmes noires, et bien plus encore. Avec le temps, j’ai pris conscience que je tentais de combler une lacune, sans toutefois saisir laquelle.

 

Découvrir le féminisme africain et en apprendre davantage me permettait de boucler la boucle. Je comprenais que j’avais encore tant de choses à apprendre. Et principalement, que mon africanité et mon féminisme politique n’avaient pas à être écartés. Ils avaient en réalité tant à apprendre l’un de l’autre, et des féministes africaines faisaient déjà ce travail. C’était la pièce manquante et insaisissable lors de mon exploration du féminisme pendant mes années universitaires.

 

Pour moi, le féminisme est l’antithèse de l’apathie sociale et politique. Il signifie également que dès lors que l’on adopte une optique féministe, plus rien ne peut être pareil. Mes amies et moi parlions de ce que ça fait de mettre des lunettes qu’on ne peut plus jamais enlever, parce que l’on voit le monde pour ce qu’il est, avec tout son désordre. Un désordre qu’on ne peut pas simplement ignorer ou laisser tomber. J’ai donc fait la promesse aux mouvements féministes de ne jamais arrêter d’apprendre, de continuer à étirer les limites de mon empathie et de ne jamais vivre passivement. De dédier davantage de temps et d’espace dans ma vie aux mouvements féministes et de continuer à amplifier, célébrer, documenter et citer les travaux de féministes africaines. Je m’engage également à placer l’attention et le soin au centre de tout et à donner la priorité au plaisir dans cette aventure féministe, parce que nos mouvements en ont besoin pour durer.

Mars 2015: publication de la version zéro du document final

Publication de la version zéro du document final, mars 2015

  • La version zéro du document final (en anglais – datée du 16 mars), préparée par les co-facilitateurs, a été soumise à discussion pendant la seconde session de rédaction qui s’est tenue du 13 au 17 avril 2015.
  • Pendant la session inaugurale, le WWG a insisté sur la nécessité de mentionner, dans la version zéro, les ressources qui seraient spécifiquement consacrées à l’égalité des genres et à l’autonomisation des femmes, comme cela avait été prévu dans le Consensus de Monterrey et la Déclaration de Doha.

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