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DOSSIER DU VENDREDI : Il est capital de lancer rapidement le débat sur les conséquences qu’aurait une cinquième Conférence mondiale sur les femmes de l’ONU en 2015 parmi activistes féministes et des droits des femmes du monde entier.
Toutes ne s'accordent pas sur la manière dont la conférence proposée devrait être organisée, le lieu où elle devrait l’être et ses objectifs. Ces opinions méritent de faire l’objet d’un plus large débat.
Par Susan Tolmay[i]
La proposition : une 5
Le 8 mars 2012, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, le président de l’Assemblée générale des Nations Unies, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser (Qatar) et le Secrétaire général M. Ban Ki-moon ont proposé conjointement d’organiser une cinquième Conférence mondiale sur les femmes de l’ONU (5
La 5
Jusqu’à présent, les réactions des groupes, réseaux et campagnes de femmes à l’annonce d’une nouvelle conférence ont été mitigées. Avant l’annonce faite en mars, il n’existait aucun mécanisme de consultation systématique communiquant avec la société civile, les Etats-membres de l’AG ou ONU Femmes. En outre, beaucoup s’interrogent sur la nécessité, l’efficacité et la pertinence de conférences internationales.
2015 est aussi l’échéance fixée pour la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et l’année ou sera négocié un nouveau cadre de développement qui succèdera aux OMD. Pendant le Sommet Rio+20 qui s’est clôt la semaine dernière au Brésil, les Etats-membres ont accepté d’engager un processus de négociation visant à définir des Objectifs du développement durable (ODD) d’ici 2015. Le « Programme de développement au-delà de 2015 », un processus onusien parallèle mais associé, a déjà été lancé. Pour l’instant, elle n’a connu qu’une participation limitée des groupes féministes et des mouvements de femmes.
Les prises de position à ce jour
La campagne de la 5
Soon Young-Yoon, la présidente actuelle du Comité NGO CSW de New York, a exprimé son opinion personnelle pour proposé[ii]que « l’ONU crée un nouveau modèle d'évènement mondial, un modèle dont le but n’est pas d’obtenir un consensus international pendant la conférence sous forme de déclaration finale, mais de mettre en œuvre les promesses faites » par le biais d’une campagne internationale. Celui-ci se traduirait par cinq conférences régionales et exploiterait à fond les possibilités offertes par les technologies de l’information et les médias sociaux modernes pour mettre en place un nouveau réseau médiatique international. La campagne qu’elle propose s’articule autour de deux objectifs :
Encourager une base puissante à « intensifier et (à) accélérer » la mise en œuvre de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDEF) et du Programme d’action de Beijing ;
Renforcer les infrastructures de communication et les compétences des parties prenantes (notamment des meneurs au sein de la jeunesse et de la jeunesse féminine), les mécanismes nationaux et les organes de l’ONU ainsi que les échanges d’information entre les régions, et ce d’ici 2015 et au-delà.
Résultats des débats du récent Forum de l’AWID
AWID a demandé à la campagne GEAR de modérer les réunions du caucus organisées à ce sujet dans le cadre Forum 2012 de l'AWID. Ces débats ont soulevé les questions suivantes :
Il y a un problème de ressources en temps et en argent pour assister à une conférence mondiale de l’ONU, étant donné qu’ONU Femmes ne bénéficie pas encore d’un financement adapté et que beaucoup d’organisations des droits des femmes font face à des difficultés financières. Les mouvements de femmes pourraient avoir du mal à trouver les capacités nécessaires pour y participer : il y a tellement de luttes importantes à l'échelle locale et régionale ;
Toute commémoration de Beijing+20 doit souligner les progrès faits et les problèmes qui rendent difficiles la mise en place, l'accès aux ressources et la transparence des accords internationaux sur les droits des femmes et l’égalité des genres ;
Jusqu’à présent, le processus a été caractérisé par une absence des organisations des droits des femmes et de la société civile en général. Les organisations des droits des femmes exigent de pouvoir pleinement participer à tous les aspects de la préparation, de l’élaboration, de la mise au point du programme de la conférence si celle-ci devait aboutir et de fixer le lieu et les objectifs de celle-ci ;
Tous les évènements organisés dans le cadre de Beijing+20 doivent faire en sorte que les grands processus onusiens au-delà de 2015 prennent en compte les voix des femmes et les perspectives féministes, notamment le bilan des OMD et l’élaboration des ODD prévus ;
Tous les évènements prévus pour 2015 doivent permettre aux organisations des droits des femmes d’y puiser de l’élan et de l’énergie au lieu de les épuiser ou de les diviser. Une 5
e CMF ou autre évènement pour simplement occuper les femmes serait inutile, dans la mesure où ce que veulent les femmes, c’est influencer d’autres processus pertinents pour le travail de l’ONU ;
Il est possible que la conférence ait des conséquences défavorables pour les engagements internationaux sur les droits des femmes et l’égalité des genres qui existent déjà si la conférence cherche à lancer une nouvelle plateforme par le biais de négociations intergouvernementales, étant donné la puissance des forces opposées aux droits des femmes dans le contexte géopolitique dans lequel nous vivons.
Les participant-e-s à la réunion du caucus de l’AWID se sont demandé-e-s s’il n’existerait pas une autre solution qui insisterait sur la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing et attirerait l’attention sur la nécessité de faire progresser les droits humains des femmes sans risquer la renégociation des acquis. Les possibilités évoquées étaient :
Organiser un évènement sur le modèle du Forum urbain mondial d'ONU-habitat avec des partenariats et des engagements pris par les collectivités locales envers les leaders de la société civile et un document final réunissant une série de recommandations provenant de la présidence ;
Renforcer la Commission sur la condition de la femme (CSW) pour la rendre plus efficace ;
Organiser une session commémorative pour les 20 ans du Programme d’action de Beijing sous forme d’une séance plénière de haut niveau à l’Assemblée générale des Nations Unies ;
Organiser une conférence où les Etats-membres s’engageraient à mettre en œuvre le Programme d’action de Beijing ou publieraient une déclaration politique après avoir consulté la société civile.
Toutes ces idées permettraient d’éviter la tenue de nouvelles négociations qui pourraient avoir pour conséquence de mettre en danger les accords déjà conclus et amorcer un retour en arrière à une époque où certains Etats-membres de l’ONU remettent en question les droits des femmes et l’égalité des genres. Pendant les négociations récentes de Rio+20, par exemple, certains gouvernements ont remis en question le rôle joué par les femmes dans le développement durable et le thème des droits reproductifs était absent du document final. Les féministes ont vraiment dû faire pression pour s'assurer que les gouvernements réaffirmeraient les engagements pris au Caire et à Beijing. Le processus qui vient de se terminer nous donne un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler le contexte géopolitique en 2015.
Et vous, qu'en pensez-vous ?
Après l’annonce d’une possible 5
Alors que nous nous approchons des commémorations à l’occasion du 20
[i] L’auteur souhaiterait remercier Lydia Alpizar, Charlotte Bunch, Alexandra Garita, Alejandra Scampini, Anna Turley et Zonibel Woods pour leurs contributions à cet article.
[ii] Ce document a été diffusé par e-mail. Si vous souhaitez consulter la proposition en entier, merci d’envoyer un e-mail à stolmay@awid.org.
Nous nous engageons à consacrer un Dossier du Vendredi aux meilleurs commentaires qui nous parviendront dans nos trois langues de travail, le français, l’anglais et l’espagnol.
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