La Coalition Internationale des Femmes Défenseures des Droits Humains y était représentée par Sunila Abeysekeran, tandis que Marusia López Cruz s’est exprimée par message vidéo au nom de l’Initiative Méso-Américaine des Femmes Défenseurs des Droits Humains. L’AWID est fière d’être membre de ces deux coopératives et félicite les intervenant-e-s qui ont témoigné des expériences et inquiétudes des Femmes Défenseurs des Droits Humains (WHRD) du monde entier.
La 20ème session du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies (CDH)) a organisé le 26 juin une réunion-débat de 3 heures sur les WHRD dans le cadre de sa journée annuelle consacrée aux droits humains des femmes. Les participant-e-s à la discussion ont analysé les situations de violence à l’égard des WHRD et de violations de leurs droits, étudié les contextes qui exacerbent ces dernières, et présenté des recommandations au système des Nations Unies (ONU) ainsi qu’aux Etats Membres pour la conception et la mise en œuvre de programmes sexospécifiques de protection des WHRD.
Ont participé à la réunion-débat animée par la Présidente du CDH Mme Laura Dupuy Lasserre : Mme Margaret Sekaggya, Rapporteuse Spéciale de l’ONU sur la situation des défenseur-e-s des droits de l’homme ; Mme Sunila Abeysekera, de la Coalition Internationale des Femmes Défenseurs des Droits Humains ; M. José de Jesus Orozco, Rapporteur Spécial sur les défenseur-e-s des droits de l’homme de la Commission Interaméricaine des droits de l’homme ; et M. Nazar Abdelgadir, du Geneva Institute for Human Rights. La session est diffusée en ligne dans son intégralité sur la webcast de l’ONU.
Dans son discours d’ouverture au nom de la Haut-Commissionnaire adjointe aux droits de l’homme, Mona Rishmawi a affirmé qu’il était de la responsabilité du CDH de promouvoir des mécanismes de protection à l’intention des WHRD, afin de « leur permettre de mener à bien leurs activités en toute sécurité, à l’abri de la violence et de la discrimination ».
Représentant la Coalition Internationale des Femmes Défenseures des Droits Humains, Sunila Abeysekera a identifié et analysé trois différentes tendances en matière de violations des droits des WHRD mettant ainsi en avant :
la diversité des violations brutales subies par les WHRD qui travaillent sur des questions liées au droit des individus à la terre, à l’eau et à un environnement propre.
les violations auxquelles sont confrontées les WHRD oeuvrant en défense des droits reproductifs et des droits relatifs à la sexualité.
les violations auxquelles sont confrontées les WHRD chargées de l’organisation et de la mobilisation des communautés qui font face à des violations de leurs droits et réclament le respect des normes et des principes nationaux et internationaux de la part de leurs gouvernements comme des acteurs privés, en particulier les sociétés multinationales et transnationales.
Evoquée par les participant-e-s et commentée par les représentant-e-s des Etats Membres lors de cette session, l’impunité généralisée dont jouissent les auteurs de violences à l’égard des WHRD et de violations des droits de ces dernières constitue un problème fondamental. La Rapporteuse Spéciale de l’ONU, Margaret Sekaggya, a déclaré que la reconnaissance des WHRD devait s’accompagner d’un accès égal à la justice, d’enquêtes sur les violations de leurs droits promptement et impartialement menées, ainsi que de sanctions à l’encontre des auteurs de ces violations, qu’il s’agisse d’acteurs étatiques ou non étatiques. Mme Sekaggya a en outre appelé les autorités à reconnaître que les WHRD contribuent positivement à faire respecter les droits de l’homme.
Les représentant-e-s de la société civile et des organisations non gouvernementales (ONG) ont eu eux-elles aussi la possibilité de participer au débat. L’AWID a permis à l’Initiative Méso-américaine des Femmes Défenseurs des Droits Humains de présenter sa déclaration vidéo en collaboration avec JASS, Consorcio Oaxaca, UDEFEGUA, le Central American Women’s Fund, et Colectiva Feminista.
Marusia López Cruz a commencé par évoquer la gravité de la situation des WHRD victimes de violence en Méso-Amérique, où 24 assassinats de WHRD ont été perpétrés entre 2010 et 2011 au Mexique et en Amérique Centrale, qui demeurent tous impunis. L’Initiative Méso-Américaine des Femmes Défenseurs des Droits Humains a exprimé les besoins suivants au CDH : des mesures et des mécanismes de protection efficaces, la reconnaissance des formes particulières de violence auxquelles les WHRD sont confrontées, la lutte contre la discrimination fondée sur le genre, et l’extension des mécanismes de protection aux familles des WHRD et leurs organisations. Le système de l’ONU a été appelé à faire preuve de plus de fermeté à l’égard des Etats lors d’attaques sur des WHRD, pour influencer le développement de mesures de sécurité basées sur les droits et garantir la mise en œuvre efficace de mécanismes de protection intégrant la dimension de genre.
Le Service international pour les Droits de l'homme (International Service for Human Rights, ISHR), membre de la Coalition Internationale des Femmes Défenseures des Droits Humains a exprimé ses inquiétudes concernant les WHRD qui oeuvrent en défense du droit à la terre, et plus particulièrement à propos des 13 WHRD récemment condamnées au Cambodge à des peines allant jusqu'à deux ans et demis de prison. La représentante de l’ISHR a pris les rapports récents d’attentats à la bombe sur des cliniques d’avortement aux Etats-Unis pour illustrer le fait que les WHRD encourent des risques dans le Grand Nord et le Grand Sud. Les WHRD travaillant sur des questions de droits sexuels et reproductifs ou de droits relatifs à la sexualité se retrouvent souvent dans l’œil du cyclone, comme en témoigne les actes de harcèlement et d’intimidation continus, dont sont victimes les défenseur-e-s LGBTI en Ouganda, corroborés par la récente annonce ministérielle qui prétend interdire le travail de 38 ONG accusées de « promouvoir l’homosexualité ».
Le groupe de discussion a examiné le besoin d’une protection efficace, en incluant des éléments clés tels que la documentation de la violence à l’égard des WHRD et les violations de leurs droits ; la bonne coordination entre les acteurs, notamment l’ONU, les Etats, et les institutions nationales de défense des droits de l’homme pour une plus grande cohérence des politiques de protection ; et des réponses rapides de la part des organismes de protection des droits de l’homme concernant les risques et les besoins urgents. Il est important que les WHRD soient au cœur de la définition des mécanismes de protection. Comme l’ont déclaré l’ISHR et fait remarquer la Rapporteuse Spéciale des Défenseurs des Droits Humains dans son rapport au Conseil de 2010, « la protection des femmes défenseures des droits humains réside finalement dans la transformation des contextes, où l’inégalité, la violence ainsi que les attitudes et les pratiques patriarcales façonnent l’expérience des femmes défenseures des droits humains. »
En conclusion, Sunila Abeysekera a souligné l’importance d’améliorer la visibilité des WHRD travaillant au niveau local et communautaire et s’est dit préoccupée par la réduction de l’espace de participation de la société civile comme des ressources permettant aux WHRD de faire leur travail. Aux questions qui lui étaient posées sur la religion, la culture et la tradition, elle a répondu en présentant le point de vue de la Coalition Internationale des Femmes Défenseures des Droits Humains, à savoir que la plupart des traditions comportent des aspects positifs concernant l’égalité des femmes et le rôle des femmes dans la vie publique. La coalition s’oppose au concept statique de la culture comme de la tradition, et affirme l’appartenance des WHRD à ces cultures et traditions, demandant à ce qu’elles soient reconnues comme telles.
Vous retrouverez l’enregistrement vidéo de la 20