À l’occasion du centenaire de la journée internationale de la femme ce 8 mars 2010, nous passons en revue les commémorations de cette journée dans le passé et cette année.
Par Kathambi Kinoti
Le 8 mars 2010, les femmes célèbrent le centième anniversaire de la Journée internationale de la femme (JIF). Depuis 1910[i], une journée est consacrée une fois par an à célébrer et à rendre honneur aux femmes ainsi qu’à dresser le bilan de la situation de leurs droits dans le monde. La JIF a été créée sous la pression des mouvements syndicaux d’Amérique du Nord et d’Europe et est aujourd’hui respectée sur tous les continents. Aux États-Unis d’Amérique, le parti socialiste d’Amérique a décidé de créer la première journée nationale de la femme en 1909 en honneur aux travailleuses de l’industrie de l’habillement qui avait lancé une grève l’année antérieure pour revendiquer de meilleures conditions de travail. L’année suivante, lors d’une réunion tenue à Copenhague, au Danemark, l’Internationale socialiste est convenue de consacrer une journée qui serait respectée à l’échelle internationale pour exiger le droit au suffrage universel des femmes. En 1911, cette journée était instaurée en Autriche, au Danemark, en Allemagne et en Suisse. Un million de personnes au moins ont participé à des manifestations revendiquant le droit de vote des femmes ainsi que celui d’exercer des fonctions publiques, de travailler et d’avoir accès à la formation professionnelle. Les manifestants demandaient également la fin de la discrimination à l’égard des femmes dans les lieux de travail.
Ce n’est qu’en 1975 que les Nations Unies (ONU) ont consacré le 8 mars comme la journée internationale de la femme. Cette même année, l’ONU a lancé de la décennie des Nations Unies pour la femme durant laquelle l'organisation a tenu trois grandes conférences qui ont été déterminantes de la promotion des droits des femmes: Mexico (1975) Copenhague (1980) et Nairobi (1985). En 1977, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution dans laquelle elle proclamait la Journée des Nations Unies pour les droits des femmes et la paix internationale que les États membres doivent respecter un jour par an conformément à leurs traditions nationales. L'adoption de cette résolution par l'Assemblée générale était fondée sur deux raisons:
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La reconnaissance du fait que la paix et le progrès social durable ainsi que la pleine jouissance des droits humains et des libertés fondamentales passent par la participation totale, l’égalité et le développement des femmes;
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La reconnaissance de la contribution des femmes au renforcement de la paix et de la sécurité internationales.
WomenWatch fait observer que:
«Pour les femmes du monde entier, le symbolisme de cette journée va bien au-delà de la commémoration; elle est non seulement l'occasion de dresser un bilan des progrès accomplis dans leur combat pour l’égalité, la paix et le développement, mais aussi de s’unir, de travailler en réseau et de se mobiliser pour obtenir un changement significatif.»
Le 8 mars est la date qui a été le plus fréquemment retenue pour commémorer cette journée ; elle est maintenant jour férié dans plusieurs pays et est commémorée d’une façon ou d’une autre dans la plupart des pays du monde
Le bilan: La JIF à la CSW
Cette année correspond à la fois au centenaire de la JIF et au 15e anniversaire du Programme d'action de Beijing (PAB) qui est actuellement révisé par la Commission de la condition de la femme (CSW). Tout comme tous les autres instruments de promotion des droits des femmes, le PAB est essentiellement le fruit des efforts d’activisme déployés au fil du temps par les femmes. Même si cet activisme se déroule pendant toute l’année, la JIF est l’occasion de rendre hommage à l’action menée en faveur des droits des femmes et d’attirer l’attention sur les défis auxquels elles sont toujours confrontées.
Plusieurs événements liés à la commémoration de la JIF auront lieu au sein de la CSW. Les Nations Unies ont déjà tenu une cérémonie de commémoration le 3 mars 2010 sur le thème « Droits égaux , opportunités égales : progrès pour tous. » Pour commémorer la JIF, les Nations Unies ont organisé une série d’événements dans le but de passer en revue les progrès accomplis durant les 15 dernières années dans le domaine des droits des femmes.
Pleins feux sur Haïti et l’Iran
Cette année, Haïti fera l’objet d’une attention spéciale. Cette nation des Caraïbes lutte encore pour effacer les séquelles du tremblement de terre de 12 janvier 2010 qui a détruit une grande partie de sa capitale Port-au-Prince et des zones avoisinantes. Le tremblement de terre a coûté la vie à trois grandes figures du féminisme : Anne Marie Coriolan, Magali Marcelin et Myriam Merlet. Plusieurs activités seront organisées en leur mémoire en Haïti, à New York et dans d’autres parties du monde. Les organisations de femmes d'Haïti organiseront un mémorial contenant des témoignages, une peinture murale et une présentation audiovisuelle. Le mouvement des femmes haïtiennes a demandé aux groupes de femmes de tous les autres pays d’adhérer à cette célébration et à cet hommage aux féministes décédées ainsi que de soutenir le combat des survivantes en organisant leurs propres activités d'hommage. Campamento Feminista Internacional a émis une déclaration qui dit notamment:
« Nous lançons un appel à toutes les organisations du monde entier à s’unir à nous aujourd’hui et pour rendre hommage et pleurer la perte d’activistes féministes dont le souvenir va nous aider à retrouver la vitalité du mouvement des femmes haïtiennes afin de poursuivre l’action menée par nos dirigeantes disparues et récupérer leur héritage pour continuer à aller de l’avant. »
Au cours de la 54
L’Iran sera également au centre de l’attention des organisations de femmes du monde entier. En effet, un groupe de féministes Iraniennes et d’activistes des droits de femmes ont lancé un appel à la solidarité de leurs homologues du monde entier. Elles dénoncent, dans leur déclaration, la répression croissante du mouvement démocratique depuis les élections présidentielles controversées de 2009. Des activistes sont régulièrement arrêtées, torturées, violées, emprisonnées voire exécutées. En Iran, les droits des femmes ont subi une érosion graduelle durant les 30 dernières années. Les femmes déclarent, dans leur communiqué:
« À l’occasion du 30
e anniversaire de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) dont l’Iran n’est pas partie prenante, les femmes iraniennes sont confrontées à une discrimination croissante… Depuis longtemps, les femmes iraniennes revendiquent leur liberté et l’égalité de genre ; elles ont eu recours à des stratégies à la fois individuelles et de groupes, elles ont lancé plusieurs campagnes ce qui leur a valu insultes, menaces, arrestations et détentions. Beaucoup de ces femmes sont aujourd’hui en prison. »
Les femmes iraniennes suggèrent plusieurs façons de procéder pour que les femmes d’autres pays témoignent de leur solidarité à l’occasion de cette JIF:
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Attirer l’attention sur la situation des femmes iraniennes dans les publications, les blogs, les conférences, les manifestations et les réunions communautaires ;
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Organiser des manifestations locales attirant l’attention sur le combat actuellement mené en Iran dans le cadre de la Marche Mondiale des Femmes ; [iii]
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Afficher le slogan « Liberté et égalité de genre en Iran » sur les sites Web, les brochures, les publicités, les manifestations publiques ainsi que dans d’autres initiatives originales entreprises par des activistes, des artistes, des féministes et des intellectuels.[iv]
[i] Voir Marche Mondiale des Femmes, “International Woman’s Day: In Search of the Lost Memory,” et Women Watch, “History of International Women’s Day.”
[ii] Organisé par Caribbean Association for Feminist Research and Action (CAFRA), le Camp Féministe de Solidarité Internationale, la Commission Huairou et l’AWID.
[iii] Pour plus d’information sur la Marche Mondiale des Femmes cliquez ici.
[iv] Pour plus d’information, veuillez envoyer un courriel: iran.genderequality@gmail.com.
[v] Plus de détails,voir le blog post de Gabby de Cicco de l’AWID ici.
Pour en savoir plus sur d’autres activités réalisées dans le cadre de cette JIF, voir cette section du site Web de l'AWID