Autonomie, droits, ressources : conversation avec le Aotearoa New Zealand Sex Workers' Collective (Collectif des travailleur·euse·s du sexe de Aotearoa Nouvelle Zélande)

Rédaction et interview par Tenzin Dolker
Edité par Muna Gurung
Illustrations par Priyanka Singh Maharjan

animated image of people holding red umbrellas and text that says "New Zealand Sex Workers' Collective"
À l'occasion de la Journée internationale de lutte contre la violence à l'encontre des travailleur·euse·s du sexe en 2011.

Au cours des dernières années, je me suis entretenue avec un certain nombre d’activistes féministes incroyables provenant de différentes régions du monde. Elles m’ont fait part de profondes réflexions sur l'état passé et actuel de l'organisation et du financement féministe et ont évoqué les moyens complexes, multisources et souvent invisibles par lesquels les mouvements financent leur travail. Nous avons discuté des formes autonomes de ressourcement ou en dehors des modèles philanthropiques et gouvernementaux, que nous avons appelées « ressourcement autonome ». 


Nous avons d'abord échangé avec Chayanika Shah, une activiste queer basée à Mumbai. La deuxième conversation de la série s'est déroulée avec Dame Catherine Healy, activiste des droits des travailleur·euse·s du sexe et fondatrice de l'Aotearoa New Zealand Sex Workers' Collective (NZPC). Initialement connu sous le nom de New Zealand Prostitues' Collective (Collectif des prostitué·e·s de Nouvelle-Zélande), le NZPC est dirigé par des travailleur·euse·s du sexe qui s'engagent dans la défense des droits, de la sécurité, de la santé et de l'autonomisation des travailleur·euse·s du sexe. Le NZPC a joué un rôle déterminant dans l'adoption de la loi sur la réforme de la prostitution en 2003, qui a dépénalisé le travail du sexe en Nouvelle-Zélande. Dame Catherine partage les moyens intentionnels et stratégiques qu'iels ont mis en œuvre afin de renforcer leur capacité de ressources autonomes au cours des décennies qui ont suivi la fondation du collectif en 1987.
 
En tant que collectif féministe hybride, le NZPC passe librement de la fourniture de services vitaux à la mobilisation activiste contre les normes régressives, en passant par la lutte contre les conglomérats d'entreprises en se taillant un marché propre avec des produits tels que Wetstuff, un lubrifiant à base d'eau, et d'autres marchandises connexes. Comme le dit Dame Catherine, « nous sommes un hybride : nous sommes un collectif axé sur les droits, ainsi qu'un fournisseur de services. Nous sommes tout à la fois ». C'est là le pouvoir du ressourcement autonome; il ressource les structures féministes dans toute leur créativité et leur imagination, leur donnant le plein pouvoir de dire « NON » aux formes traditionnelles de financement qui ne répondent pas à leurs besoins et valeurs politiques.
 
Vous trouverez ci-dessous notre conversation éditée pour des raisons de longueur et de clarté.

 
Tenzin Dolker :
Le Collectif des travailleur·euse·s du sexe d'Aotearoa Nouvelle-Zélande (NZPC) s'identifie-t-il comme un groupe féministe et est-il associatif? 
 
Dame Catherine Healy :
Oui, nous nous considérons comme un groupe féministe. Au NZPC, tout le monde a sa place. Nous avons commencé comme une association caritative et nous restons une organisation à but non lucratif. Nous menons des activités de type syndical, mais nous ne nous considérons pas comme un syndicat; nous sommes simplement un collectif. Nous essayons de garder une structure horizontale et les travailleur·euse·s du sexe n'ont pas besoin de s'inscrire, chacun·e y a sa place. 
 
TD :
Donc, en ce qui concerne les membres, quels sont les moyens visibles et invisibles par lesquels ces derniers·ères apportent des ressources au travail d'organisation que vous faites?  

DCH :
Je suis employée par un conseil d'administration et, en consultation avec les coordonnateurs·trices régionaux·ales, j'emploie moi-même du personnel régional. Et puis nous avons des gens qui franchissent notre porte avec des idées. Par exemple, avec la COVID-19, de plus en plus de personnes se tournent vers le travail en ligne; nous avons donc aidé une travailleuse du sexe à développer un moyen de promouvoir la sécurité dans ce secteur. Si quelqu'un a une idée, nous l'aidons à la concrétiser. L'idée n'a pas besoin d'être bien documentée, elle peut naître d'un simple sentiment. Le collectif est une entité libre, et nous parlons de stratégie, mais ce n'est pas le mot que je préfère. Nous préférons que cela reste organique/spontané.

TD : 
C'est fantastique de voir que les membres et les administrateurs·trices sont tou·te·s cocréateurs·trices. Afin d'approfondir notre compréhension de votre travail, pouvez-vous nous dire d'où provient le financement du NZPC et nous parler des types de subventions que vous recevez et pourquoi vous vous financez de cette manière?

DCH :
À la fin des années 80, nous avons été approché·e·s par le gouvernement pour fournir des services à nos pairs dans le commerce du sexe. Ainsi, en partenariat avec le gouvernement, nous avons conçu les services que nous allions fournir, et nous nous sommes mis d'accord sur les résultats que nous espérions obtenir. La relation avec le gouvernement dure aujourd’hui depuis plus de 33 ans, et une grande partie de notre financement provient de ce contrat. 
 
Cependant, nous avons également une entreprise qui nous laisse une marge et la possibilité de maintenir une certaine distance avec le gouvernement, lorsque la situation exige d’être critique. Nous importons et distribuons un lubrifiant à base d'eau dans toute la Nouvelle-Zélande. Nos produits sont distribués dans ce que l'on appelle globalement les « secteurs de la santé », ce qui comprend également des espaces comme les écoles, les cliniques pour jeunes et les clubs gays. Et comme nous sommes en mesure de maintenir des prix bas, nous faisons concurrence aux grandes entreprises comme Durex. Nous vendons également des soft tampons que nous fournissons aux travailleur·euse·s du sexe, mais notre objectif n'est pas de gagner de l'argent sur leur dos. En revanche, cela rapporte un peu d'argent au collectif.
 

An image with a hand holding a microphone, a blurb that written, “No to Stigma! No to Violence! No to Exclusion”, condoms, a red umbrella drawing, and toiletries bottles written “secrets” and “gold”. At the center of the image is a drawing of a naked woman sitting on top pf an egg that’s written “New Zealand’s Prostitute’s Collective”
NZPC vend des lubrifiants à base d'eau, des soft tampons et d'autres produits, et le symbole du collectif est le parapluie rouge. Il publie également un magazine intitulé Siren, qui signifie Sex Industry Rights and Education Network (Réseau pour l’éducation et les droits de l’industrie du sexe).

TD:
Il semblerait que lorsque vous devez mener des actions de plaidoyer, critiquer des politiques gouvernementales spécifiques ou adopter une position impopulaire, vous avez besoin de ressources autonomes. Pourriez-vous expliquer en quoi c'est important pour votre travail? 
 
DCH :
À une certaine époque de notre histoire, nos efforts en faveur de la dépénalisation du travail du sexe nous ont valu des critiques. Nous considérons la décriminalisation du travail du sexe comme une étape nécessaire à la protection de la sécurité, des droits, de la santé et du bien-être des travailleur·euse·s du sexe. Elle n'est pas incompatible avec les préoccupations relatives à la santé sexuelle et reproductive et à la sensibilisation au VIH, mais ça, tous les politiciens du Parlement ne l’ont pas compris. Ainsi, lorsqu’on nous a demandé d’expliquer comment nous utilisions l'argent du gouvernement dans notre communauté, il nous a paru important de démontrer que notre travail de plaidoyer, dans le cadre de la promotion de la décriminalisation du travail du sexe, n'était pas soutenu par des fonds publics. Un samedi matin, je me suis levée et mon visage était en première page d'un quotidien avec un titre accrocheur qui disait quelque chose comme : « Les prostituées utilisent l'argent du gouvernement pour leurs activités de plaidoyer ». Nous avons fait un audit pour prouver que c'était faux. Nous tenons énormément à notre autonomie; nous ne voulons pas être des marionnettes.  

TD :
Pouvez-vous nous donner quelques chiffres rapides concernant le budget du NZPC? 
 
DCH :
Notre contrat gouvernemental s'élève à environ 1,1 million de kiwis1 (un peu moins de 0,8 million de dollars US) et environ 10 % de notre budget est autogénéré. Nous venons de vendre une propriété et d'en acheter une autre au moyen de nos propres ressources. C'est très réconfortant de savoir que les travailleur·euse·s du sexe peuvent avoir un endroit à elleux, car iels font continuellement l’objet de préjugés et de discrimination. Un espace physique permet de générer un sentiment de sécurité et nous rassurer sur le fait que nous ne pouvons pas être déplacé·e·s. 

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Dame Catherine se tient devant le bâtiment que le NZPC a acheté. Elle déclare : « C'est très réconfortant de savoir que les travailleur·euse·s du sexe peuvent avoir un endroit à elleux [...] Un espace physique permet de générer un sentiment de sécurité et nous rassurer sur le fait que nous ne pouvons pas être déplacé·e·s. » 

TD :
Lors de nos précédentes conversations, je me souviens que vous aviez parlé du contexte politique polarisé autour des migrant·e·s sans-papiers et des travailleur·euse·s du sexe migrant·e·s sans papiers. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce travail délicat que vous êtes en mesure d'effectuer en Nouvelle-Zélande et sur la manière dont il est lié aux ressources autogénérées du NZPC?
 
DCH :
Nous avons développé une ressource spécifique pour les sans-papiers impliqué·e·s dans le commerce du sexe en possession d’un visa touriste. Une fois de plus, nous avons été attaqué·e·s dans les médias pour avoir soutenu celleux qui étaient perçu·e·s comme transgressant la loi. Les choses se sont vite envenimées. Nous avons fait valoir que, dans l'intérêt de notre santé publique nationale, il était important que toute personne sexuellement active au sein de nos communautés ait accès à des ressources, quel que soit son statut migratoire. Nous avons alors expliqué qu'il était tout à fait approprié d'utiliser notre financement gouvernemental pour que cette ressource soit fournie à ces communautés de travailleur·euse·s du sexe, même si on estimait qu’elles violaient les lois sur l'immigration. Mais si les choses s’étaient avérées moins faciles pour nous, nous aurions très bien pu dire : « Écoutez, nous le ferons avec nos propres fonds », sans compliquer ou impliquer le financement gouvernemental.
 
 TD : 
Absolument. À ce propos, quels sont les types de financement les plus utiles que vous recevez ou souhaitez recevoir? 
 
DCH : 
C’est une question intéressante. Nous n'acceptons pas les dons des gérant·e·s de maisons closes, à moins qu'ils ne soient destinés au bien-être direct d'un·e travailleur·euse du sexe ou de sa famille dans une situation extrême pour laquelle aucune autre aide n'est disponible. Nous refusons aussi l'argent de la publicité. Nous publions régulièrement des petits magazines et nous voulons que ces magazines restent purs, ou sans parrainage de quiconque évoluant dans l'industrie du sexe, car nous ne voulons pas donner l'impression d'avoir été manipulé·e·s. De nombreux groupes de défense des droits des travailleur·euse·s du sexe sont déjà accusés de faire partie du « lobby des proxénètes ». Nous pensons qu'il est très important de garder nos distances, mais aussi de soutenir ces entreprises en leur donnant le droit d'exister.   
TD : 
Oui, je comprends. Existe-il d'autres financements institutionnels que vous recevez par le biais de la philanthropie privée ou de financements internationaux? 
 
DCH :
Oui, nous sommes en relation avec deux fiducies privées depuis vingt ans. Nous devons déposer une demande chaque année pour ces deux ressources, mais ces fonds nous parviennent régulièrement. Il est également arrivé que des personnes nous accordent des subventions ponctuelles, mais nous essayons de ne pas nous reposer sur les dons philanthropiques, car ils sont soumis à une forte concurrence et ont tendance à être compliqués. Nous privilégions également une approche plus durable.

Nous ne sommes pas à l'aise avec le fait de postuler à des fonds dans l'arène internationale car nous venons d'un petit pays riche. L'idée de faire partie de ce groupe de candidats nous pose problème d’un point de vue idéologique. Quand on voit à quel point on a besoin d’organisations de défense des droits des travailleur·euse·s du sexe à travers le monde, on ne se voit vraiment pas faire la queue pour obtenir des fonds; nous sommes privilégié·e·s.

TD :
Ce choix politique semble être important pour vous. Finalement, quel est selon vous le meilleur type de financement que vous ayez reçu? 
 
DCH :
En tant que toute jeune organisation, nous avons dû apprendre à gérer notre financement, nos relations et les exigences auxquelles nous étions soumi·se·s. Au fur et à mesure que nous avons pris de l’ampleur, le financement est lui aussi devenu plus important. Je pense que si nous avions reçu à nos débuts le même montant de fonds que nous recevons aujourd'hui, nous l’aurions vécu comme un fardeau. Le montant du financement auquel nous avons accès est le même depuis 12 ans et c'est un exercice intéressant; au lieu de désirer obtenir plus d'argent, nous réfléchissons à la manière dont nous pouvons travailler de la façon la plus locale, efficace et intelligente possible et faire en sorte que le fonds serve davantage à réaliser ce que nous envisageons.
 
TD :
Si la question de la capacité des organisations féministes est un sujet pertinent, il ne s'agit pas non plus toujours d'obtenir plus d'argent. Quelles sont, selon vous, les questions qui ne sont pas soutenues et qui nécessitent un financement plus ambitieux?

DCH :
La question des migrant·e·s, sans aucun doute. Lorsqu'on nous a accusé·e·s de mettre au point des ressources pour les travailleur·euse·s du sexe migrant·e·s, j'ai réalisé que notre démarche était loin de faire l’unanimité. Les conseils de santé de district qui avaient mis sur pied des cliniques de santé sexuelle ont estimé qu'ils devaient faire profil bas, parce qu'ils fournissaient des services de dépistage et des traitements aux travailleur·euse·s du sexe migrant·e·s séjournant en Nouvelle-Zélande avec des visas touristes. Lorsque la confiance des gens est ébranlée et qu'ils ne savent pas ce qu'ils doivent faire, ce n'est pas bon. Nous avons été mis·e·s en cause, mais nous étions convaincu·e·s du bien-fondé de nos actions. Lorsque le ministère de la santé a été accusé de nous avoir fourni des fonds, nous avons entrepris de leur expliquer ce qui motivait notre démarche. Bien sûr, ils nous ont appuyé·e·s; nous avons eu de la chance. Mais imaginez que l'environnement politique ait été différent. Nous avons le profond sentiment que nous devons nous mobiliser pour défendre ardemment les personnes qui sont coincées dans des espaces illégaux. Or les travailleur·euse·s du sexe se trouvent très souvent dans ces espaces-là. En tant qu’activistes œuvrant à la défense de leurs droits, il est logique que nous relayions leur histoire et que nous veillions à ce qu'iels bénéficient d'un soutien approprié dans le cadre des droits humains.

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Célébration des 30 ans du NZPC en tant qu'organisation active. Photo prise en 2017. 


TD
De quelle manière gérez-vous cela maintenant?
 
DCH :
D’une part, nous adoptons une approche plus discrète, et d’autre part, nous prenons la parole. L'approche discrète consiste à travailler en coulisses pour sensibiliser les groupes de lutte contre la traite des êtres humains qui, bizarrement, nous soutiennent beaucoup dans ce pays, ou à travailler avec les fonctionnaires du gouvernement qui sont eux-mêmes soumis à des pressions assez fortes de la part des membres de la communauté pour remédier à l'illégalité des travailleur·euse·s du sexe. Nous avons un programme politique, mais nous n'avons pas encore de projet de loi au Parlement. Nous avons effectué de nombreuses recherches et reçu une recommandation du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) demandant au gouvernement de les étudier.

TD :
Cette stratégie interne-externe est vraiment fascinante. Je me demande si un écosystème de ressources philanthropiques aurait la possibilité d'atteindre ces personnes et de les mobiliser? 
 
DCH :
Nous avons des travailleurs·euses de proximité qui sont habitué·e·s à prendre contact avec les populations de travailleurs·euses du sexe migrant·e·s. L’une des travailleuses du NZPC exerce dans notre plus grande ville, Auckland, qui compte 1,5 million d'habitants. Elle est elle-même issue d'une communauté de migrant·e·s. À certains égards, si le financement avait été assuré par nos propres ressources, nous pourrions en faire davantage, mais cela reviendrait aussi à laisser le gouvernement s'effacer sans assumer la moindre responsabilité ou sans contribuer à faire prendre conscience à tou.te.s les travailleurs·euses du sexe migrant·e·s de Nouvelle-Zélande qu'iels ont certains droits. La philanthropie... ce mot en « P » peut certes nous faciliter la tâche à l’heure d’agir, mais il ne règle pas nécessairement les choses.

Et en termes d'organisation ou de mobilisation de ces communautés, c’est difficile parce que nous travaillons avec les personnes à un niveau individuel et qu'il existe un schéma migratoire. Par exemple, certaines personnes ne sont ici que pour trois mois. Le modèle selon lequel la communauté s'exprime sur les réseaux sociaux et nous alimentons les discussions est excellent; nous sommes en mesure de garantir qu'iels ont accès à des préservatifs et qu'iels savent qu'iels peuvent venir pour des visites de contrôle. Mais pour ce qui est de les laisser se débrouiller seul·e·s, nous n'avons pour l'instant qu'un travailleur et un bénévole.

TD :
Il semble que ce soit un défi pour la mise en place de toute forme d’organisation. 
 
DCH :
Oui, et ces questions sont souvent abordées en catimini, alors que cela ne devrait pas être le cas. Nous nous assurons de faire figurer explicitement les « travailleurs·euses du sexe migrant·e·s » dans nos contrats avec le gouvernement. La question des travailleurs·euses du sexe migrant·e·s devrait être de la responsabilité du gouvernement. Récemment, nous avons eu affaire à une travailleuse du sexe qui avait vécu une expérience terriblement violente; la police en a été informée afin de pouvoir arrêter l'auteur de l'agression. Mais elle n'a pas voulu parler à la police, et pendant qu'elle était à l'hôpital, elle a dit : « Je me rends ». Ces mots nous ont fait froid dans le dos; il était clair alors qu'elle avait l'impression d’être la criminelle et que c’était à elle de se rendre. Cela ne devrait pas arriver, c'est pourquoi je pense que nous devons relayer ce genre de situations et être explicites sur le financement, et ne pas aborder ces questions en cachette.


1 Surnom donné au dollar néo-zélandais

Category
Analyses
Region
Pacifique
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AWID