
Fakhra Yunus

Le Groupe de travail des femmes sur le financement du développement (Women's Working Group on Financing for Development – WWG on FfD) , une alliance composée d’organisations et de réseaux de défense des droits des femmes, a été créée en octobre 2007 pour mener, dans le cadre des processus des Nations Unies sur le FdD, des activités de plaidoyer en faveur de l’égalité de genre, de l’autonomisation des femmes et des droits humains.
Troisième Dialogue de haut niveau sur le financement du développement, 23-25 octobre 2007
« J’ai subi des violences sexuelles, des blessures physiques et d’autres formes de violence lorsque je manifestais sur les lignes de front. Mais je ne m’arrêterai jamais, tant et aussi longtemps que nous n’aurons pas de régime civil au Soudan. Nous devons arrêter la militarisation de l’État. Nos corps ne doivent plus être traités comme des champs de bataille »
déclarait Amal*, une manifestante de 23 ans**
Les femmes sont à la tête de la révolution au Soudan depuis quatre ans. Leur leadership ne s’est pas limité à la rue : elles étaient la force motrice de la résistance continue à tous les niveaux. Les femmes et les jeunes féministes sont devenues la conscience alerte du mouvement pour le changement et la démocratisation au Soudan. Dès la première manifestation contre l’ancien régime dans la ville d’Aldmazein, dans la région en conflit du Nil Bleu, le 13 décembre 2018, de jeunes écolières sont devenues les porte-voix réclamant la fin de 30 années de dictature militaire et de Frères musulmans.
Le mouvement féministe mené par de jeunes femmes âgées de 16 à 35 ans a créé une révolution au sein de la révolution incessante depuis quatre ans au Soudan. Les voix des jeunes femmes qui occupent l’espace dans les rues, sur les réseaux sociaux, au sein de la société civile et des organisations politiques sont suffisamment fortes pour avoir remodelé l’opinion publique et questionné les normes sociales. Les discussions sur les violences sexuelles et basées sur le genre et les tabous de la violence domestique et des processus décisionnels dominés par les hommes sont devenues des débats courants pour la première fois dans l’histoire du Soudan. Les équipes de football féminines, les femmes porte-parole de comités de la résistance et les syndicats professionnels dirigés par des femmes sont quelques-uns des faits saillants de la nouvelle vague du mouvement féministe au Soudan. Des jeunes femmes se définissant fièrement et publiquement comme féministes est le gain le plus important, dans un pays dirigé depuis trois décennies par un islam fondamentaliste. De jeunes hommes soutenant l’activisme féministe et s’identifiant eux-mêmes comme féministes est un autre progrès qu’il convient de souligner.
Ce progrès n’est pas sans coût, tout comme il n’est pas parfait. Les activistes féministes, les groupes et les activistes se retrouvent face aux difficultés typiques rencontrées dans les contextes conservateurs et affectés par des conflits. Mais l’impact du mouvement des jeunes féministes au Soudan mérite d’être encensé. Dépasser les obstacles internes des différences de culture, de religion et des conflits historiques est un défi en soi, que les jeunes féministes au Soudan semblent relever activement. La création d’écoles féministes au Darfour et dans le Kordofan révèle la trajectoire unique du travail des jeunes féministes au Soudan, dont nous pouvons tirer des enseignements.
Il n’est pas possible de nommer les jeunes femmes à la tête de ces efforts et les groupes de femmes actives sur le terrain, du fait des nombreuses préoccupations sécuritaires suite au coup d’État militaire toujours en cours. Mais leur résilience, leur force et leur courage devront figurer dans les livres d’histoire. Ces jeunes femmes audacieuses à la tête de la résistance dans les rues, derrière leurs écrans, dans différentes professions et sur différents terrains d’activisme façonnent l’avenir du Soudan. Les jeunes féministes au Soudan créent de nouveaux espaces pour que des récits et des discours féministes restructurent la distribution du pouvoir, dans ses aspects politiques, économiques et sociaux.
Malgré l’immensité de la violence, la résurgence d’un islam fondamentaliste, la militarisation et la réduction des espaces civiques, les activistes féministes au Soudan restent ancrées dans leurs sororités. Elles demeurent une incroyable source d’inspiration pour les mouvements féministes à travers le monde.
Nazik Awad
* Amal est un pseudonyme afin de protéger la jeune activiste citée.
** Le Soudan vit une révolution constante depuis 2018. Une nouvelle vague a démarré après le coup d’État militaire du 25 octobre 2021.
‘A geopolitical Analysis of Financing for Development’ by Regions Refocus 2015 and Third World Network (TWN) with DAWN.
The Zero Draft Language Map, by Regions Refocus
‘Addis Ababa financing conference: Will the means undermine the goals?‘ by RightingFinance
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