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Rohini Ghadiok
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La construction d’économies féministes a pour objet de créer un monde où l’air est respirable et l’eau buvable, où le travail est significatif et où nous bénéficions de soins pour nos communautés et nous-mêmes, où chacun-e peut jouir de son autonomie économique, sexuelle et politique.
Dans ce monde où nous vivons aujourd’hui, l’économie continue de s’appuyer sur le travail de soins non rémunéré et sous-évalué des femmes au service des autres. La poursuite de la “croissance” ne fait que développer l’extractivisme--un modèle de développement fondé sur l’extraction et l’exploitation massives des ressources naturelles, qui continue de détruire les populations et la planète tandis qu’elle concentre les richesses entre les mains des élites mondiales. Parallèlement, l’accès aux soins de santé, l’éducation, les salaires décents et la sécurité sociale sont réservés à une poignée de privilégiés. Ce modèle économique repose sur la suprématie blanche, le colonialisme et le patriarcat.
En adoptant la seule « approche pour l’autonomisation économiques des femmes», on ne fait guère qu’intégrer davantage les femmes dans ce système. Cela peut constituer un moyen temporaire de survie. Nous devons semer les graines d’un nouveau monde possible pendant que nous abattons les murs du monde existant.
Nous croyons en la capacité des mouvements féministes à créer de vastes alliances entre mouvements qui leur permettent d’oeuvrer pour le changement. En multipliant les propositions et visions féministes, nous cherchons à construire les nouveaux paradigmes d’économies plus justes.
Notre approche doit être interconnectée et intersectionnelle, car nous ne pourrons jouir d’aucune autonomie sexuelle et corporelle tant que chacun·e d’entre nous ne jouira pas de ses droits économique ni d’une autonomie financière. Nous voulons travailler avec celles et ceux qui s’opposent à la montée mondiale de la droite conservatrice et des fondamentalismes religieux et la contrent, car tant que nous n’aurons pas ébranlé les fondements même du système actuel, aucune économie ne saura être juste.
Promouvoir des programmes féministes : Nous nous opposons au pouvoir des entreprises et à l’impunité concernant les violations des droits humains en travaillant avec des allié-e-s afin de nous assurer que les perspectives féministes, relatives aux droit des femmes et à la justice de genre sont intégrées dans les espaces politiques. A titre d’exemple, vous pouvez vous informer sur le futur instrument juridiquement contraignant concernant “les sociétés transnationales et autres entreprises en matière de droits humains” au Conseil des droits humains des Nations Unies.
Mobiliser des actions solidaires : Nous oeuvrons à renforcer les liens qui existent entre les mouvements féministes et les mouvements en faveur de la justice fiscale, y compris à réclamer les ressources publiques perdues à cause de flux financiers illicites afin de garantir une justice de genre et sociale.
Enrichir nos connaissances : Nous fournissons aux Défenseuses des droits humains (WHRD) des informations stratégiques qui s’avèrent vitales dans la lutte contre le pouvoir des entreprises et l’extractivisme. Nous contribuerons à développer une base de connaissances autour du financement local et mondial et les mécanismes d’investissements qui alimentent l’extractivisme.
Créer et élargir les alternatives : Nous participons et mobilisons nos membres et nos mouvements à envisager des économies féministes et à partager nos savoirs, nos pratiques et nos programmes féministes en faveur d’une justice économique.
« La révolution corporative s’effondrera si nous refusons d’acheter ce qu’ils nous vendent: leurs idées, leurs versions de l’histoire, leurs guerres, leurs armes, leur notion d’inéluctabilité. Un autre monde est non seulement possible, mais il est aussi déjà en bonne voie. Quand tout est tranquille, je peux l’entendre respirer. » Arundhati Roy, War Talk.
La crise économique mondiale actuelle fournit la preuve évidente que les politiques économiques des trois dernières décennies n’ont pas fonctionné.
La dévastation que la crise a opéré sur les ménages les plus vulnérables dans les pays du Nord et du Sud nous rappelle que la formulation de politiques économiques et la réalisation des droits humains (économiques, sociaux, politiques, civils et culturels) ont été trop longtemps séparées l’une de l'autre. La politique économique et les droits humains ne doivent pas être des forces opposées, elles peuvent coexister en symbiose.
Les politiques macroéconomiques influencent le fonctionnement de l'économie dans son ensemble, elles façonnent la disponibilité et la distribution des ressources. Dans ce contexte, les politiques budgétaires et monétaires sont fondamentales.
La politique budgétaire se réfère à la fois aux recettes et aux dépenses publiques, et aux relations entre elles qui sont formulées dans le budget de l’État.
La politique monétaire regroupe les politiques sur les intérêts et les taux de change et la masse monétaire, ainsi que la réglementation du secteur financier.
Les politiques macroéconomiques sont mises en œuvre à l’aide d'instruments tels la fiscalité, les dépenses du gouvernement, et le contrôle entre la masse monétaire et le crédit.
Ces politiques affectent les taux d’intérêt et les taux de change qui ont une influence directe sur, entre autres choses, le niveau de l'emploi, l'accès à un crédit abordable et le marché du logement.
L'application d'un cadre de droits humains aux politiques macroéconomiques permet aux États de mieux se conformer à leur obligation de respecter, de protéger et de réaliser les droits économiques et sociaux. Les droits humains sont inscrits aux conventions internationales selon des normes universelles. Ces normes juridiques sont énoncées dans les traités des Nations Unies tels la Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH), le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC).
L’Article 1 de la DUDH stipule que « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ».
Bien que la DUDH ait été rédigée il y a près de six décennies, sa pertinence est toujours de mise. La plupart des principes énoncés répondent aux problèmes auxquels les gens continuent d’être confrontés à l'échelle mondiale. Les questions concernant les châtiments inhumains (art. 5), la discrimination (art. 7), la propriété (art. 17), un salaire égal pour un travail égal (art. 23/2), et l'accès à l'éducation (art. 26/1) sont des questions pertinentes tant pour les pays au Sud et au Nord de l'équateur.
En particulier, les États ont l'obligation, en vertu du droit international, de respecter, de protéger et de réaliser les droits humains, y compris les droits économiques et sociaux des personnes relevant de leur compétence. Cet aspect est particulièrement pertinent aujourd'hui, compte tenu de la crise financière. Aux États-Unis, la réglementation est faussée en faveur de certains intérêts. Dans le contexte du changement social et économique actuel, l'incapacité des gouvernements à étendre leur rôle de surveillance est un échec cuisant face à l’obligation de protéger les droits humains.
Les États devraient respecter les principes clés des droits humains pour réaliser les droits économiques et sociaux. Certains de ces principes ont des implications potentiellement importantes pour la gouvernance des institutions financières et des marchés. Ces possibilités ont été sous explorées jusqu’à présent.
Les droits économiques et sociaux ont un ancrage institutionnel et juridique concret. Les traités internationaux, les déclarations mondiales, les conventions, et, dans un certain nombre de cas, les constitutions nationales ont intégré certains aspects des cadres de droits économiques et sociaux, ce qui a permis l’élaboration d’infrastructures institutionnelles au niveau du droit national et international.
Certaines personnes avancent que l’idée d’une justice mondiale n’est peut-être pas un exercice utile en raison des complexités institutionnelles en jeu. Toutefois, les institutions mondiales ont sans aucun doute des incidences sur la justice sociale, à la fois positives et négatives.
Il est utile de déterminer ce que ces éléments des cadres alternatifs impliquent pour la gouvernance économique, en particulier ceux qui sont soutenus par les institutions existantes. Le cadre des droits économiques et sociaux est un bon exemple concret : ce cadre évolue constamment et les discussions et les délibérations en cours sont nécessaires afin d'aborder les sections sous développées et les lacunes potentielles.
Cette section est fondée sur le blog du CWGL intitulé Applying a Human Rights Framework to Macroeconomic Policies (L'application d'un cadre de droits humains aux politiques macroéconomiques, 2012).
Kamee est un·e artiste interdisciplinaire, narrateur·rice, producteur·rice, interprète, organisateur·rice, soignant·e, “queerdo” et sorcier·ère. Né·e dans une famille arménienne déplacée de la région d’Asie du Sud-Ouest et Afrique du Nord et élevé·e dans une banlieue immigrante de Toronto, son travail s’imprègne de pratiques relationnelles et génératives orientées vers la réhabilitation ancestrale, la fiction visionnaire et le futurisme diasporique. Kamee est titulaire de diplômes en cinéma, en sciences politiques et en art-thérapie, auxquels s’ajoute un Doctorat en Psychologie Communautaire et de Libération. Iel a créé, produit, tourné et présenté un vaste ensemble de travaux qui comprennent l’animation d’ateliers, les arts visuels et médiatiques, des performances et des expositions mises en scène et immersives, des magazines, des anthologies et des films. Ses projets ont été soutenus par des organismes de financement locaux et nationaux à travers le Canada, les États-Unis et l'Arménie. Kamee a été écrivain·e nominé·e Pushcart et ancien·ne élève littéraire du VONA et du Banff Centre for Arts. Iel fut primé·e pour avoir créé des pièces de théâtre qui ont été publiées dans des anthologies ayant reçu le prix Lambda. Les documentaires qu'iel a produit ont été soutenus par Sundance, Visions du Réel, HotDocs et Catapult. Kamee vit actuellement entre l'Arménie et le Canada.
Nous aspirons à faire du Forum de l’AWID un réel rassemblement mondial, où participeront une gamme diverse de mouvements, de régions et de générations. Dans ce but, l’AWID mobilise des ressources pour un Fonds d’accès limité, qui soutiendra les coûts liés à la participation de certaines personnes au Forum.
Le 14ème Forum international de l’AWID se tiendra du 11 au 14 janvier 2020 à Taipei, à Taïwan.
Pour ce Forum de l’AWID, il n’y aura pas de processus de candidature.
En supplément, l’AWID financera la participation d’environ 100 personnes de la région d’accueil du Forum. Les membres des comités du Forum (Contenu et méthodologie, Accès et Accueil) ainsi que les membres du Groupe de travail des artistes recevront aussi un soutien du Fonds d'accès.
Nous avons listé d’autres options pour financer votre participation au Forum de l’AWID sur cette page qui contient des idées de financement.
Tout au long de ses 38 années de carrière, Debbie Stothard a collaboré avec diverses communautés pour impliquer des États, des organisations intergouvernementales et autres parties prenantes en Asie, en Afrique, en Europe et dans les Amériques sur des questions de droits humains et de justice. Son travail porte essentiellement sur les thématiques des affaires et des droits humains, de la prévention des atrocités et du leadership des femmes. Elle a, de ce fait, animé ou secondé près de 300 formations au cours des 15 dernières années. La plupart de ces formations était des ateliers à destination de groupes de base et organisés sur le terrain, centrés sur le plaidoyer en faveur des droits humains, les connaissances économiques fondamentales, les affaires et les droits humains, la justice transitionnelle et la prévention des atrocités. Son travail dans le domaine de la justice transitionnelle et de la prévention des atrocités s’est principalement déroulé au Myanmar, mais elle a également été conseillère en matière d’interventions dans d’autres situations nationales dans le monde.
Entre 1981 et 1996, Debbie a été reporter spécialisée dans les affaires criminelles, organisatrice d’évènements étudiants, analyste politique, universitaire, conseillère gouvernementale et traiteure en Malaisie et en Australie, tout en étant bénévole pour des causes en lien avec les droits humains. Elle a fondé ALTSEAN-Burma en 1996, qui fut à l’initiative d’un large éventail de programmes sur les droits humains à la fois innovants et autonomisants. ALTSEAN mène notamment un programme permanent et intensif de leadership à destination de diverses jeunes femmes à Burma qui, au cours des 22 dernières années, a aidé à renforcer et élargir le leadership des femmes dans les zones touchées par un conflit. Debbie Stothard a siégé au Conseil de la fédération internationale des droits humains (FIDH) pendant neuf années en sa qualité de secrétaire générale adjointe (2010–2013) puis de secrétaire générale (2013–2019). Elle a mis cette période à profit en promouvant la mission et le profil de la FIDH lors de près de 100 réunions et conférences par année.
par Esra Özban
Dans un monde obsédé par le produit final, donner la priorité au processus est une méthode fondamentalement féministe. Les processus sont importants, et la sélection d’œuvres artistiques n’y fait pas exception. Alors que nous décidions quels films de la région d’Asie du Sud-Ouest et Afrique du Nord (SWANA) représenteraient et s’inscriraient le mieux dans le thème des Réalités féministes, la pandémie à laquelle nous sommes toujours confronté·e·s continue à transformer radicalement nos vies. Le simple fait de penser, d’écrire ou de m’exprimer est devenu un combat de tous les jours. Je n’arrivais à respecter aucune de mes échéances, j’envoyais les uns après les autres des courriels d’excuses à Kamee Abrahamian avec qui je travaillais en tant que commissaire indépendante pour le projet de Ciné-Club Féministe de l’AWID. Le soutien indéfectible de Kamee, sa compréhension et ses précieuses suggestions me rappelaient que, même dans deux parties différentes du monde, en tant que collègues qui ne se côtoient jamais en chair et en os, nous pouvons cocréer des microversions des Réalités féministes pour lesquelles nous vivons et auxquelles nous aspirons.
Pour moi, les Réalités féministes ont beaucoup à voir avec les sororités. Des sororités qui aident les femmes à déminer la région d’Artsakh/Haut-Karabakh. Des sororités nourries dans le Vegan Inclusive Trans Cake préparé par de jeunes féministes trans à Ankara, qui rappellent aux cis-ta qu’elles ne sont pas les bienvenues pour la génération Z. Des sororités qui poussent parmi les brins de menthe sur le toit de Dragica Alafandi dans le camp de réfugié·e·s de Dheisheh en Palestine occupée, dans Sowing Seeds of Resistance. Des sororités qui englobent et accueillent des proximités intimes, sexuelles et révolutionnaires dans le parc Gezi avec #resistayol. Des sororités qui mettent à jour une rencontre imaginée entre deux générations de femmes en exil, dans les rues de Haïfa, avec Your father was born 100 years old and so was the Nakba. Des sororités entre espèces qui construisent un (courageux) espace fictif, créé par Mounia Akl dans son Submarine, où la rebelle Hala, qui refuse de quitter une ville qui croule sous les déchets, est abandonnée à son sort avec un chien pour seul ami.
Cette sélection regroupe des petits morceaux de nombreuses Réalités féministes réalisées dans la région de SWANA ces dernières années. Nous continuerons à imaginer, apprendre et partager des incarnations féministes d’espoir et de pouvoir. En attendant, continuons à nous plonger dans les puissantes alternatives auxquelles ces cinéastes et personnages donnent vie dans ces films. Nous pouvons cocréer chacune des étapes, chacun des gestes et chacune des tentatives, en continuant de cohabiter dans ce monde avec d’autres qui vivent des Réalités féministes et continuent à donner vie à leurs rêves.
De Emily Mkrtichian et Jesse Soursourian
« Avec de beaux visuels associés à des scènes de vérité convaincantes, Motherland est une démonstration de camaraderie et de force entre femmes… Ce film est un témoignage de femmes du monde entier qui sont prêtes à travailler plus dur pour surmonter les obstacles qu'elles rencontrent. »
- Nosarieme Garrick, réalisatrice primée
« Motherland est une visualisation inspirante de solidarité, de courage et de cran… »
- Collectif Hers is Ours (La sienne est nôtre), organisateur du Festival Outsider Moving Art & Film
Motherland from jesse soursourian on Vimeo.
Emily Mkrtichian, à propos des Réalités féministes et d’Artsakh/HK
Nous avons filmé le court-métrage Motherland en République d’Artsakh, en 2018. Chacune de ces femmes me fascinait, par sa force, sa résilience et son humour – malgré le contexte dans lequel elles vivent. Ce contexte, en 2018, était celui du lendemain de la guerre brutale des années 1990, suite à laquelle leur pays est demeuré un territoire non reconnu (ou contesté, aux yeux de la communauté internationale), qui n’a pas reçu l’autonomie et l’indépendance dont bénéficient de très nombreux autres pays. L’Artsakh a également fortement souffert des conséquences visibles dans tous les lieux ayant subi de violents affrontements, et qui frappent bien souvent sur les femmes : troubles de stress post-traumatiques (TSPT), taux élevés d’alcoolisme, taux élevés de violence conjugale, une moindre égalité et moins de libertés pour les femmes, peu – voire pas – de représentation des femmes en politique et aux fonctions publiques. Face à tous ces défis, ce film tente de saisir et rendre compte du feu et du pouvoir des femmes d’Artsakh, qui pourraient ne pas correspondre au paradigme du féminisme occidental traditionnel mais qu’elles ont créé pour elles-mêmes grâce à des liens communautaires forts, l’attention pour leur famille, un dur labeur et la capacité à en rire ensemble. La République d’Artsakh est aujourd’hui à nouveau ravagée par une autre guerre qui lui a arraché 70 % des terres que ces femmes avaient fait grandir en les considérant leurs. Mais je peux vous promettre que ces femmes, et des milliers d’autres, continuent à tenir leurs familles, leurs communautés et leur culture debout avec les mêmes réseaux de soins, d’engagement à travailler dur et d’éclats de rire révoltés face à un avenir incertain.
De Baladi-Rooted Resistance
« Un film opportun à voir après avoir été témoin du dernier bombardement de Gaza par les forces de défense israéliennes. Un aperçu de la manière dont les femmes des communautés palestiniennes survivent à l'oppression structurelle, à travers l'histoire d'une bibliothèque de semences traditionnelles... et des femmes qui les maintiennent comme une forme de rébellion florissante. »
- Jessica Horn, stratège féministe panafricain·e, écrivain·e et cocréateur·rice de The temple of her skin (Le temple de sa peau)
« Regarder des femmes se rassembler et travailler collectivement pour l'autonomie alimentaire est, à mes yeux, à la fois thérapeutique et autonomisant. »
- Collectif Hers is Ours (La sienne est nôtre), organisateur du Festival Outsider Moving Art & Film
L’équipe de Baladi-Rooted Resistance, à propos des Réalités féministes
« Comment parler de Résistances féministes quand on vit à Deheisheh, un camp de réfugié·e·s palestinien·ne·s construit il y a 70 ans en Cisjordanie occupée pour abriter 3 000 réfugié·e·s, et qui en compte aujourd’hui 15 000?Ou quand la terre que l’on cultive est constamment menacée par des colons illégaux?
Quand on est une femme en Palestine occupée, on doit se battre non seulement contre le patriarcat mais également contre le colonialisme et une occupation militaire brutale. »
Dragiča et Vivien se battent contre ces multiples systèmes de domination, à leur manière.
Vivien se sert de semences indigènes pour aider les Palestinien·ne·s à préserver leur identité. Cultiver les aliments traditionnels, selon des méthodes traditionnelles, est porteur de sens : « Si on n’est plus productrice, on reste consommatrice, et quelle meilleure manière de réduire quelqu’une en esclavage qu’en en faisant sa consommatrice? Cela a lieu dans le monde entier, mais ici c’est doublé de l’occupation militaire. »
En Cisjordanie, 31,5 % des ménages souffrent d’insécurité alimentaire. Grâce à son jardin de comestibles sur son toit, Dragiča est parvenue à renforcer l’autonomie alimentaire de sa famille. Dans le camp bondé, où l’armée israélienne fait régulièrement des incursions la nuit pour arrêter et harceler les résident·e·s, le toit de Dragiča nourrit non seulement sa famille, mais nourrit surtout son âme. »
De Rüzgâr Buşki
Rüzgâr Buşki, à propos des Réalités féministes
« Je ne sais pas quoi dire à propos des Réalités féministes, mais en tant qu’artiste trans, en tant qu’activiste en Turquie, je sais que nos réalités sont rudes. Nous vivons dans la violence : physique, psychologique, économique et sexuelle! C’est la raison pour laquelle nous devons construire nos propres réseaux, et cocréer des microréalités les unes pour les autres est une Réalité féministe pour moi. #resistayol est mon premier film. Au début, je prévoyais de faire un film par/avec/pour des personnes trans qui ne tente pas de convaincre quiconque du fait que les personnes trans sont des personnes humaines, et qui ne soit pas centré sur la sensibilisation aux questions trans. Mais le soulèvement de Gezi, l’un des plus gros soulèvements de l’histoire de la Turquie, a eu lieu et le film s’est transformé en autre chose.
Je crois que le processus de production influence vraiment le devenir d’un film. Nous avons véritablement essayé de faire travailler des femmes, des personnes trans et non binaires à chacune des étapes du film. Le film est fait par des personnes qui se sont rassemblées dans un esprit de camaraderie, par amitié. Kanka Productions est fondé sur un esprit de camaraderie transféministe. Je veux que ce film donne espoir, qu’il soigne parce que nous portons toutes et tous de nombreux traumatismes dans nos corps; c’est ce qui nous constitue et ce qui nous relie. La guérison est un processus interminable et nous devons créer des espaces où respirer. #resistayol est une heure de respiration collective. »
Boysan Yakar dans #resistayol
« Alors, des lubunyas (queer) étaient assis·es dans le parc, et tout à coup, des bulldozers sont arrivés et tout le monde s’est senti frustré. Bref, c’est ce qui s’est passé. C’est le parc des Lubunyas et nous avions trente jours pour expliquer cela à cette immense ville. Tout le monde a reconnu que la nuit, des ibnes (pédés) baisent dans ce parc... Le Bloc LGBTI y a déplacé notre communauté. Nous ne faisions déjà absolument pas confiance à l’État, ni à la police, et ne disposions d’aucune sécurité. Nous avons défini nos propres manières de faire les choses, nos propres lois et coutumes pour survivre... Nous avons rapidement instauré la loi à Gezi... dans le souci de créer une langue et une compréhension communes entre tous ces groupes. La langue LGBTI du vivre-ensemble s’est propagée dans tout le parc. C’était la marche des Fiertés tous les jours, tout le monde lançait sans cesse des « ayol ». Nous avons égayé la langue nauséabonde et obsolète de la gauche. Je pense que nous avons eu une telle influence parce qu’on nous a renié·e·s pendant tant d’années. Des plus radicaux·ales aux plus conservateur·trice·s et nationalistes, tout le monde avait besoin de nous parce que tout le monde s’est habitué à se confronter à tout, tout le temps. Ils et elles n’avaient pas l’habitude de voir tant d’énergie, notre énergie. C’est pour ça que c’était un espace politique génial pour nous. Chaque jour,nous nous faisions un devoir de reprendre notre plus gros combat là-bas, le principal, qui est notre combat pour la visibilité et la reconnaissance. C’est pour cela que nous avons eu si mal de devoir quitter Gezi. »
De Pembe Hayat
« ... une déclaration variée, montrant la joie qui existe dans les amitiés au sein de la communauté queer en Turquie comme manifestation de rébellion et de résistance. »
- Nosarieme Garrick, réalisatrice primée
«... amusant, léger et aléatoire. Dans un monde constamment marqué et meurtri par la violence contre la communauté trans, rien, aucune action n'est (malheureusement) privée de sens. Il en va aussi de la joie, de l'amour et du hasard signifiant! »
- Collectif Hers is Ours (La sienne est nôtre), organisateur du Festival Outsider Moving Art & Film
Cayan Azadi dans Vegan Inclusive Trans Cake
« Salut les Barbie, les Ken, les poupées en porcelaine, les Craquinoux. Les copines de Chucky, les sœurs de Chucky, les beaux-frères de Chucky, et sans oublier les beaux-frères amants.
Alors, pourquoi avons-nous fait ce gâteau?
Nous avons entendu dire qu’une travailleuse du sexe trans avait tenté de se suicider, suite à des violences de gardiens et de policiers dans la rue. Elle est toujours au poste de police, et c’est la raison même pour laquelle nous avons fait ce gâteau. Ce gâteau travesti a été préparé pour montrer que nous existons à tous les moments de la vie, que nous persistons à exister, et ce gâteau illustre que cela ne sera pas effacé ou ignoré par la société.
Oui, il y a de la violence dans nos vies. Oui, il y a aussi beaucoup d’ombres, mais malgré cela, nous pouvons quand même nous amuser et profiter de la vie autant que possible. Bon appétit, sœurette! »
De Razan AlSalah
De Mounia Akl
« Il est réalisé comme un poème qu’on écrit… simple, un peu abstrait et émouvant. »
- Collectif Hers is Ours (La sienne est nôtre), organisateur du Festival Outsider Moving Art & Film
Esra Ozban:
Esra Ozban est programmateur·rice et réalisateur·rice de films originaire de Turquie. Son travail artistique, curatorial et universitaire se trouve à la croisée entre autres des pratiques archivistiques critiques, du travail du sexe, de la pornographie et des cultures cinématographiques féministes/queer.
Le travail de l’AWID est rendu possible par la générosité d’un large éventail de donateurs, y compris les agences bilatérales et multilatérales, les fondations privées et les fonds pour les femmes.
La conspiration du cercle des écrivain·e·s | Wazina Zondon
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Également connue sous le nom de Réseau de recherche Teta, la conspiration des écrivain·e·s a été fondée en 2021 dans le cadre des cercles d’écriture hebdomadaires de Kohl. Le Réseau est un groupe transnational d’écrivain·e·s queer et féministes qui se consacrent à l’écriture, à la réflexion et à la création de monde collectifs. | Wazina Zondon est une Afghane élevée à New York. Elle centre son travail de recueil d’histoires et de narration sur les souvenirs collectifs et les rites de passage dans la diaspora. Elle travaille actuellement sur Faith : in Love/faith in love (Foi : en amour / Foi en l’amour), travail qui (re)retrace l’histoire d’amour de ses parents et l’empreinte d’amour héritée de sa famille. |
L’amour est sur le marché noir en enfer
car l’amour est un acide
qui ronge nos barres de fer.
Mais toi, moi et demain,
on jure en se tenant la main
que les luttes se multiplieront.
La scie à métaux a deux lames.
Le fusil a deux canons.
Nous portons la liberté en notre sein.
Nous sommes un complot.
Il est de notre devoir de lutter pour la liberté.
Il est de notre devoir de vaincre.
Nous devons nous aimer et nous soutenir mutuellement.
Nous n’avons rien d’autre à perdre que nos chaînes.
« Love » d’Assata Shakur
Voilà la question que pose Wazina Zondon dans son récit de souvenir collectif Loveprint. Loveprint est une déambulation, un chevauchement, un détour qui (re)crée, là où se rejoignent les entrevues et les essais personnels, nos histoires de famille et nos connaissances sur l’amour, les relations de couple et les aventures amoureuses. Sur les conseils de Wazina, la conspiration du cercle des écrivain·e·s s’est retrouvée autour d’une tentative de reproduction de cette épreuve littérale, sous la forme d’une écriture collective dans laquelle nos différentes histoires, nos genres et nos identités sexuelles se complètent et se contredisent. Nos voix empiètent les unes sur les autres, les unes complètent les phrases des autres et nous créons une conversation, un mémorial, des morceaux de nous qui parlent à un « nous ».
Je suis ce que l’on appelle un « joyeux accident ». Il y aurait beaucoup à dire à ce propos – une vie accidentelle, mais dans le même temps totalement voulue. Je sens que cela a façonné ma manière d’aimer. Je ne tombe pas simplement amoureuse, je prends le risque de la glissade qui me fera tomber. Ça a peut-être fait de moi une amor fati.
On m’a dit que je n’étais pas une enfant voulue. Donc, j’ai grandi et je suis devenue une adulte non voulue. Les origines de mon impression d’amour viennent d’avoir été éternellement non bienvenue. Je ne suis pas le fruit d’un amour ou d’une quelconque émotion joyeuse, mais bien plutôt de douleur et de fardeau. Je n’ai pas d’impression d’amour – du moins pas dans ce sens-là.
Je sais avec certitude que mes parents se sont aimés à un moment, mais la santé mentale est un tel démon – si personne ne lui tient tête, il n’y a pas de gagnant.
Je n’associerai jamais « l’amour » à mes parents ou à la famille normative. En grandissant, l’amour était accompagné de tant de violence et de responsabilités que je n’avais pas demandées, et pour lesquelles je n’étais pas prête. Alors que mes parents « s’aimaient », c’était un éthos toxique de violence, de jalousie et d’insécurité dans lequel grandir. J’ai grandi avec une immense faim de stabilité, et c’est ce que je suis aujourd’hui. Je prends des risques, mais jamais dans mon « espace d’amour ».
Je ne sais pas pourquoi ma mère a choisi d’accueillir une enfant
(moi) en son sein. Elle ne m’aime pas sous cette forme.
Ma mère me dit que si je dois penser à « trouver » l’amour, je ne devrais jamais prendre son mariage en exemple. Mon impression d’amour vient au contraire des chiens que j’élève depuis deux décennies (18 ans précisément). Le contraire est également vrai – ils m’ont élevée. Je comprends de mieux en mieux cet amour et ses différents niveaux, en leur compagnie.
Je n’ai pas découvert l’amour avec une « impression ». Dans notre maison, nous ne parlons pas d’amour. J’ai dû m’enseigner à aimer. J’ai dû y travailler dur. Malgré cela, j’échoue et malgré cela, je continue d’essayer et d’échouer tous les jours. L’échec est peut-être mon impression d’amour.
Mon impression d’amour est l’attention, la chaleur et la compréhension
que je donne aux personnes qui m’entourent, qu’il s’agisse d’un inconnu,
d’une amie, d’une proche ou d’une amante.
Mon impression d’amour est politique – sans calcul et sans réflexion.
Je suis né·e sous une pluie de bombes.
Mon impression d’amour est le négatif
de ce moment-là.
J’en sais plus sur ce que l’amour n’est pas que je n’en sais sur ce qu’est l’amour.
L’amour, ce n’est ni l’anxiété ni la panique.
L’amour, ce n’est pas de demander la permission de vivre ou de respirer. C’est toujours à propos de l’amour et il n’y a pas d’amour sans liberté.
Tout ce que l’on fait, on le fait avec le cœur, sauf l’amour. L’amour, c’est se servir de son esprit.
Je crains parfois que le langage de mon amour ne se perde dans la traduction.
--- Il y a de nombreuses manières
de cartographier les origines
de
la manière de ne pas
aimer
aimer juste assez
aimer beaucoup trop
aimer un peu
perdre un peu
à l’amour
à l’amour perdu ---
Je ne supporte pas l’idée du couple. Je ne supporte pas l’idée de vivre seule en vieillissant non plus. Je suis fatiguée de tout faire toute seule, de déménager seule, de payer le loyer et les factures toute seule… Je m’imagine avoir un arrêt cardiaque toute seule, et ça m’effraie. Je n’ai absolument pas envie de « me mettre en couple ». Je veux un monde où je peux épouser une amie, acheter une maison avec une amie, ne pas avoir de rapports sexuels.
Aimer plusieurs personnes ne corrompt
absolument pas l’amour partagé à deux, et que l’amour
soit romantique ou non n’est vraiment pas si
important que cela.
Lorsque je réfléchis à l’état déplorable de mes relations, je me rends compte que je suis dans le type de relation auquel on m’a formée. Malgré toute ma « radicalité », je n’ai toujours pas désappris les foutues normes de genre.
Mon besoin de stabilité ne me semble pas « assez radical ». Je veux sortir de cette catégorisation. Je veux quelque chose que je n’ai jamais eu. Je veux le rendre beau. Je veux me sentir belle et en sécurité – et seule la stabilité me procure ces sensations. Sûre, hors de danger, savoir que le foyer n’a rien à voir avec la violence ni les tensions.
--- Impression d’amour – j’aime sentir les livres pour voir où ils
ont été imprimés
Je tente de réfléchir à l’origine de ma compréhension et de ma
pratique de l’amour
A-t-on besoin d’origine, n’est-ce pas pareil à la pureté? Pas de
pureté ni d’origine de l’amour.
Pourquoi est-ce la compréhension et la pratique, et non
« l’émotion » qui vient à l’esprit? ---
Lorsque j’appelle mes parents, je ne raccroche pas après que l’on se soit dit au revoir, pour pouvoir entendre les bruits de la maison.
Lors de mon enterrement sunni, je veux que toutes les femmes et tous les hommes se rassemblent pour mon enterrement. Qu’est-ce que c’est que cette histoire de ne pas pouvoir dire au revoir à des morts d’un autre sexe? Il sera sunni parce que ma mère voudrait qu’il le soit. Il sera écologique – pas besoin de pierre tombale. J’adore tous les rituels funéraires. Le Coran c’est bien, mais je veux aussi de la musique. J’aime vraiment Asmahan, Oum Koulthoum et The Stones Roses.
J’ai une liste de musiques pour la semaine, du lundi au vendredi. Et deux autres pour la fin de semaine : une pour les samedis et une pour les dimanches. Je voudrais que celles et ceux qui m’ont aimée mettent la musique que j’écoutais, en respectant les jours – avec une légère tolérance tant que l’on respecte les listes de musiques.
Je veux être entourée par la ou les personnes qui m’auront aimée, même pour un bref instant. En musique et entourée de bouquets de fleurs coupées. Je ne veux pas qu’on me trouve morte; je veux mourir en riant avec des êtres aimés.
Je veux que l’on se rappelle de moi comme de quelqu’un qui aimait.
I don’t need to feel loved in death. I need the people around me to feel I loved them, even after I die. Being loved in death is about those who are alive. So I think more about how we come together as a living and loving community in the death of those we love and live with. How we take their memories with us. How we become archives of their lives.
--- Parfois, on ne peut aimer les gens que dans leur mort ---
Je dois revenir en arrière à l’idée du corps connecté à un espace. Ma famille est très réduite et, bien que ne venions pas de différents endroits, c’est comme si chaque génération était partie dans un nouveau lieu. C’est peut-être la raison pour laquelle la mort n’est pas reliée à un endroit spécial, à un cimetière. Il est courant dans notre famille d’enterrer les morts sans nom ou pierre tombale, ou de disperser les cendres dans le vent. Je me sens apaisée par ce genre de commémoration sans lieu fixe. L’idée que mes cendres puissent fertiliser une nouvelle vie me donne le sentiment d’être aimée, d’être remémorée par la re-création. Ma grand-mère est décédée en début d’année du fait de complications suite à la vaccination. Deux heures après son décès, ma famille riait aux larmes en repensant aux blagues qu’elle faisait, à sa manière hilarante de raconter des histoires. Nous avons ri et l’avons aimée, et c’était comme si elle était à nouveau assise avec nous. Voilà ce qui me ferait me sentir bien – pouvoir fertiliser les sols, fertiliser les conversations et une commémoration collective.
--- Il y avait
Deux rues dans lesquelles
Je marchais
Je courais
Je jouais
Je demeurais
Il y avait
Cinq heures pendant lesquelles
Le soleil était chaud
Le ciel était bleu
La terre était verte
Il y avait
Une fleur que je pouvais
Sentir
Toucher
Pincer
Écraser
Il y avait
Les amies que je pouvais
Caresser
La nourriture
Que je pouvais
inhaler
La langue
Qui me glissait des
lèvres
Il pourrait toujours y avoir
Tous ces nombreux lieux
Et des choses
Et des gens
Après moi ---
Peut-être qu’une promesse que je serai « spatialement commémorée » en tant que plante et soignée à tour de rôle, jusqu’à ce qu’elle devienne un arbre, serait suffisante. Pas de nom, pas de plaque – juste la plante/l’arbre, et savoir qu’on en prendra soin. Quant à mon corps, je veux qu’il soit incinéré sans aucune forme de rituel et que les cendres de mes os soient libérées dans la mer d’Arabie.
J’ai besoin que l’on traite mon corps aussi subversivement qu’il a vécu.
Je ne veux pas être enterrée à côté de ma famille. Dans ce petit tiroir à côté de toutes les personnes qui ne m’ont jamais connue. Coincée dans la mort comme je l’ai été dans la vie. Je veux être incinérée, et que mes cendres soient finalement libres.
Je veux être autorisé·e à passer, pas pendre dans l’entre-deux, pour être une présence, un processus actif, un trépas.
Je vous demanderai de :
Je veux que l’on se souvienne de moi pour l’amour que j’ai mis dans ce monde. Je veux que
mon corps soit donné, et que mes organes continuent d’alimenter
l’amour d’une ou d’autres vies.
--- L’odeur du jasmin ---
Cette édition du journal, en partenariat avec Kohl : a Journal for Body and Gender Research (Kohl : une revue pour la recherche sur le corps et le genre) explorera les solutions, propositions et réalités féministes afin de transformer notre monde actuel, nos corps et nos sexualités.
نصدر النسخة هذه من المجلة بالشراكة مع «كحل: مجلة لأبحاث الجسد والجندر»، وسنستكشف عبرها الحلول والاقتراحات وأنواع الواقع النسوية لتغيير عالمنا الحالي وكذلك أجسادنا وجنسانياتنا.
Comment un mouvement nait-il ?
des fantômes nous expulsent d’une maison, d’une famille ou d’une nation
on arrive éreintées dans un espace (parfois une vraie adresse) mais surtout dans un état d’être
précédées par une étoile déchue
notre arrivée n’est peut-être pas accompagnée par la fatigue,
mais bien par la peur
notre arrivée n’est peut-être pas accompagnée par la peur
mais bien par la colère
de problèmes qui se répètent en boucle :
un coup au cœur (entendez douleur sentimentale)
un coup dans le dos (entendez trahison)
des disparitions forcées
des corps condamnés par le mariage, la défiguration et la fatigue chronique
mais quand on arrive, on se rassemble, on chuchote, on parle et on pleure.
C’est comme ça que naissent nos mouvements lorsque l’on arrive l’une à l’autre
Nous devenons des graines,
C’est comme ça que naissent nos mouvements lorsque l’on se sème l’une l’autre
Devenant des fleurs, parfois juste des épines, parfois des fruits,
nous sommes nos oasis mutuelles
où nous chantons pour le combat
où nous préparons des remèdes
où nous déposons le visage de l’être aimé, la forme de son visage, le son de son rire
le secret qui transforme des silences en un langage
les instructions détaillées des sorcières
notre mouvement est : pour nous toutes
lorsque nous arrivons en tant que graines dans l’objectif de fleurir.
Sara AbuGhazal
www.badiya.blog
Forum des femmes sur le financement de l’égalité des genres
La troisième Conférence internationale des Nations Unies sur le financement du développement
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Dernière mise à jour : mai 2019
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