
Clara Luper

The Human Rights Council (HRC) is the key intergovernmental body within the United Nations system responsible for the promotion and protection of all human rights around the globe. It holds three regular sessions a year: in March, June and September. The Office of the UN High Commissioner for Human Rights (OHCHR) is the secretariat for the HRC.
Debating and passing resolutions on global human rights issues and human rights situations in particular countries
Examining complaints from victims of human rights violations or activist organizations on behalf of victims of human rights violations
Appointing independent experts (known as “Special Procedures”) to review human rights violations in specific countries and examine and further global human rights issues
Engaging in discussions with experts and governments on human rights issues
Assessing the human rights records of all UN Member States every four and a half years through the Universal Periodic Review
AWID works with feminist, progressive and human rights partners to share key knowledge, convene civil society dialogues and events, and influence negotiations and outcomes of the session.
Chaque année, à l’AWID, nous visons à renouveler et enrichir les points de vue et expériences que reflète notre Conseil d’administration (CA) en accueillant d’autres membres.
Nous sommes actuellement à la recherche de personnes pour servir des mandats de trois ans au CA de l’AWID, à partir du début de l’année 2024. Il s’agit d’une occasion de contribuer à la gouvernance de notre organisation, et d’intégrer un groupe extraordinaire de féministes du monde entier.
Merci de nous aider à identifier avant le 10 août 2023 des candidatures de féministes à la fois réfléchi·es et engagé·es .
Merci de transférer également cette invitation aux candidat·es dans vos réseaux
Nous recherchons avant tout des candidat·es engagé·es en faveur de la mission de l’AWID, qui peuvent faire le lien entre les luttes locales et mondiales. Ces personnes seront également en mesure de nous aider à tirer, de manière intentionnelle, le meilleur parti du positionnement et des atouts de l’AWID dans un contexte en constante évolution. Les candidat·es doivent être disposé·es à assumer les fonctions et endosser les responsabilités juridiques du CA de l’AWID, dans l’intérêt supérieur de l’organisation.
Il s’agit d’une fonction bénévole, qui nécessite une implication et un engagement tout au long de l’année. Il est attendu des membres du CA une participation à 10 à 15 journées de réunion par an minimum, en personne ou en ligne, et qu’elles et ils contribuent de leur temps et leur expertise, selon les besoins du CA.
Nous souhaitons que le CA reflète la diversité des mouvements féministes du monde entier, tant en matière d’identités que de géographies, de contextes et d’affiliations. Nous recherchons, en outre, des membres du CA ayant de l’expérience dans l’un des domaines de travail de l’AWID.
Nous invitons vivement tous les candidats à postuler. Nous étudierons toutes les candidatures reçues, mais compte tenu de la composition du CA actuel, nous accorderons la priorité à :
des candidatures démontrant une solide expérience dans les domaines suivants :
des candidatures des régions suivantes :
Le Conseil d’administration joue un rôle déterminant au niveau de la définition de l’orientation stratégique de l’AWID et du soutien à l’organisation dans l’accomplissement de sa mission, en cohérence avec le monde dans lequel nous vivons et les besoins de nos mouvements.
Les membres du CA contribuent au fonctionnement de l’organisation de diverses manières : en apportant une expérience d’autres espaces, des perspectives de divers mouvements féministes et un savoir-faire conséquent dans des domaines pertinents alignés sur la stratégie de l’AWID.
Les candidates élues et candidats élus rejoindront le CA de l’AWID en 2024 et nous accompagneront tout au long du tant attendu Forum international de l’AWID et de la mise en œuvre de notre plan stratégique.
(Vous pouvez déposer votre candidature ou celle d’une autre personne, avec son consentement.)
Merci de partager également cette invitation à candidatures au sein de vos réseaux !
D’avance, merci de votre aide à trouver les membres [MB2] extraordinaires de notre prochain Conseil d’administration, qui soutiendront l’AWID lors des étapes à venir !
Nous acceptons les candidatures dans toute la gamme des domaines thématiques et des intersections importantes pour les mouvements féministes et de justice de genre. Dans le formulaire de candidature, vous pourrez cocher plus d'un thème correspondant à votre activité/atelier.
by Chinelo Onwualu
Le 2 septembre 2021, les géniales féministes et activistes pour la justice sociale du festival de l’AWID Crear | Résister | Transform se sont retrouvées, non seulement pour mettre en commun leurs stratégies de résistance, cocréer et transformer le monde, mais également pour parler crûment sur Twitter.
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Organización Mundial Contra la Tortura: Honduras: Asesinato de Sherly Montoya, integrante del Grupo de Mujeres Transexuales “Muñecas de Arcoíris”
Building Feminist Economies is about creating a world with clean air to breath and water to drink, with meaningful labour and care for ourselves and our communities, where we can all enjoy our economic, sexual and political autonomy.
In the world we live in today, the economy continues to rely on women’s unpaid and undervalued care work for the profit of others. The pursuit of “growth” only expands extractivism - a model of development based on massive extraction and exploitation of natural resources that keeps destroying people and planet while concentrating wealth in the hands of global elites. Meanwhile, access to healthcare, education, a decent wage and social security is becoming a privilege to few. This economic model sits upon white supremacy, colonialism and patriarchy.
Adopting solely a “women’s economic empowerment approach” is merely to integrate women deeper into this system. It may be a temporary means of survival. We need to plant the seeds to make another world possible while we tear down the walls of the existing one.
We believe in the ability of feminist movements to work for change with broad alliances across social movements. By amplifying feminist proposals and visions, we aim to build new paradigms of just economies.
Our approach must be interconnected and intersectional, because sexual and bodily autonomy will not be possible until each and every one of us enjoys economic rights and independence. We aim to work with those who resist and counter the global rise of the conservative right and religious fundamentalisms as no just economy is possible until we shake the foundations of the current system.
Advance feminist agendas: We counter corporate power and impunity for human rights abuses by working with allies to ensure that we put forward feminist, women’s rights and gender justice perspectives in policy spaces. For example, learn more about our work on the future international legally binding instrument on “transnational corporations and other business enterprises with respect to human rights” at the United Nations Human Rights Council.
Mobilize solidarity actions: We work to strengthen the links between feminist and tax justice movements, including reclaiming the public resources lost through illicit financial flows (IFFs) to ensure social and gender justice.
Build knowledge: We provide women human rights defenders (WHRDs) with strategic information vital to challenge corporate power and extractivism. We will contribute to build the knowledge about local and global financing and investment mechanisms fuelling extractivism.
Create and amplify alternatives: We engage and mobilize our members and movements in visioning feminist economies and sharing feminist knowledges, practices and agendas for economic justice.
“The corporate revolution will collapse if we refuse to buy what they are selling – their ideas, their version of history, their wars, their weapons, their notion of inevitability. Another world is not only possible, she is on her way. On a quiet day, I can hear her breathing”.
Arundhati Roy, War Talk
Pour la première fois, le Forum de l'AWID propose trois modes de participation :
Les participant.e.s se réuniront à Bangkok, en Thaïlande. Nous sommes impatient.e.s de vous y retrouver!
ประเด็นหลักของเวที – ลุกขึ้นพร้อมกัน (Rising Together) เป็นการเชิญชวนให้ทุกคนกลับมาอยู่กับตัวเองเพื่อเชื่อมต่อซึ่งกันและกันอย่างมีสมาธิ เอาใจใส่ และกล้าหาญ เพื่อให้เราสามารถรู้สึกถึงจังหวะการเต้น ของหัวใจของการเคลื่อนไหวทั่วโลก และลุกขึ้นมารับมือกับความท้าทายในยุคนี้ไปด้วยกัน
นักสตรีนิยม นักปกป้องสิทธิสตรี ความยุติธรรมทางเพศ LBTQI+ และขบวนการพันธมิตรทั่วโลกกำลังอยู่ ในช่วงหัวเลี้ยวหัวต่อที่สำคัญ คือเผชิญกับแรงตอบโต้สิทธิเสรีภาพที่เคยได้รับก่อนหน้านี้ ช่วงไม่กี่ปีที่ผ่านมา ลัทธิอำนาจนิยมเติบโตอย่างรวดเร็ว การปราบปรามภาคประชาสังคมอย่างรุนแรง และการทำให้สตรีและ นักปกป้องสิทธิมนุษยชนที่มีความหลากหลายทางเพศกลายเป็นอาชญากร สงครามและความขัดแย้งที่ ทวีความรุนแรงขึ้นในหลายส่วนของโลก ความอยุติธรรมทางเศรษฐกิจยังคงดำเนินต่อไป รวมทั้งวิกฤตการณ์ ด้านสุขภาพ นิเวศวิทยาและสภาพภูมิอากาศ
การเคลื่อนไหวของเรากำลังสั่นคลอน และในขณะเดียวกันเราก็พยายามสร้างและดำรงความเข้มแข็งและ อดทนเพื่องานข้างหน้า เราไม่สามารถทำงานนี้โดยลำพังในห้องเล็กๆของเราได้ การเชื่อมต่อและ การเยียวยาจึงเป็นสิ่งสำคัญในการปรับเปลี่ยนความไม่สมดุลของพลังงานและข้อบกพร่องภายในการเคลื่อน ไหวของเราเอง เราต้องทำงานและวางยุทธศาสตร์ในลักษณะที่เชื่อมโยงกัน เพื่อที่เราจะสามารถเติบโต ไปด้วยกันได้ เวที AWID จะส่งเสริมองค์ประกอบสำคัญของการเชื่อมโยงถึงกันกับพลังความสามารถ การเติบโต และการสร้างความเปลี่ยนแปลงของนักสตรีนิยมทั่วโลก
Communiquer le désir
Hôte: On pense souvent que la communication de notre désir se cantonne à l’intimité des quatre murs de nos chambres et à nos relations personnelles. Mais est-il également possible d’envisager ce genre de communication comme étant structurelle, une pratique qui éclairerait notre travail et la manière dont nous sommes, dont nous existons dans le monde?
LindiweJe pense que, malheureusement, l’expression de notre sexualité par le passé était restreinte. On était autorisées à l’exprimer dans le strict cadre du mariage, ce qui était permis, mais il y a toujours eu des tabous et une stigmatisation relative à toute autre forme d’expression. Évidemment, lorsqu’il est question de communication, le fait que certaines stigmatisations sont liées à l’expression de notre sexualité ou de nos désirs complique largement la communication dans la chambre ou de manière intime avec notre partenaire. Mon expérience personnelle me fait croire que si je suis beaucoup plus à l’aise à m’exprimer sur d’autres sujets thématiques ou sujets en dehors de la chambre, il m’est plus facile de construire cette confiance parce que je comprends la modalité de résolution de conflits avec cette personne en particulier, je comprends exactement comment rendre la communication spéciale avec cette personne. Ce n’est pas facile. C’est quelque chose que l’on fait tout au long de notre engagement, quel qu’il soit, qu’il s’agisse d’une relation durable ou que cela soit plus informel et ponctuel. Mais je crois que la confiance à l’extérieur peut assurément traduire la manière dont nous communiquons notre désir.
Manal
Depuis la petite enfance, les femmes sont éduquées à coups de « tu n’es pas autorisée à parler de ton corps, tu n’es pas autorisée à parler de ton désir », qui posent une lourde responsabilité sur leurs épaules, et particulièrement des filles à l’adolescence lorsqu’elles ont besoin de s’exprimer et de parler de ces questions. Donc moi, je pense que c’est un gros problème. Tu sais, je suis mariée depuis plus de 25 ans, mais encore aujourd’hui, je ne peux pas parler de mes désirs. Je ne peux pas dire ce que je veux ou ce que je préfère, parce que c’est comme si je n’étais pas autorisée à franchir cette ligne. C’est comme si c’était péché, bien que ce soit mon droit. Et c’est le cas pour toutes mes amies, elles ne peuvent pas s’exprimer de la bonne manière.
Louise
Personnellement, je trouve que l’expression de nos désirs, de mes désirs, quelle que soit la forme que prend cette expression, a à voir avec l’autre, avec le regard que cet autre poserait sur moi. Donc c’est également quelque chose que l’on peut relier au cinéma. Et sur le regard que je poserais sur moi-même aussi : ce que je pense être en tant que personne, mais également ce que la société attend de moi et de ma sexualité. J’ai, par le passé, en quelque sorte fait l’analogie entre ce qui se passe dans la chambre et ce qui se passe sur le lieu du travail, parce qu’il y a parfois cette dynamique de pouvoir, que je le veuille ou non. Et souvent, la communication verbale est plus difficile qu’on ne le pense. Mais quand il est question de représentation dans les films, c’est alors complètement différent. Lorsqu’il est question de simplement communiquer des désirs sexuels dans la chambre ou en dehors, on est très loin de ce que je suppose que nous toutes ici voudrions voir à l’écran.
Hôte: On peut considérer le monde numérique comme étant incarné : alors qu’il peut être virtuel, il n’en est pas moins réel. Et cela a été clairement démontré dans le contexte du Festival des réalités féministes de l’AWID, qui s’est tenu entièrement en ligne. Qu’est-ce que cela signifie, alors, de parler de sexualité, collectivement, politiquement, dans des espaces en ligne? Est-ce que nous naviguons dans les espaces virtuels avec nos corps et nos affects? Et dans ce cas, quels sont les différents éléments à prendre en compte? Qu’est-ce que cela fait à la communication et à la représentation?
LindiweLes réseaux sociaux nous donnent l’impression d’être dans la communauté. Quand on exprime ce qu’on veut ou ce qu’on aime, il y a toujours une personne qui sera d’accord ou pas d’accord, mais celles qui sont d’accord vous donnent le sentiment d’appartenir à une communauté. Donc, c’est plus facile de lancer ça dans l’univers, ou au vu de tout le monde, et de potentiellement ne pas recevoir autant de jugements. Et je parle là en termes très vagues parce que, selon ce que tu exprimes, tu seras vilipendée ou célébrée. Mais quand on est dans la chambre, il y a une certaine intimité à laquelle s’ajoute presque une vulnérabilité qui t’exposent et qui exposent différentes parties de toi, sur lesquelles il n’est pas aussi facile de donner son avis. Quand il est question d’exprimer ton désir, il est beaucoup plus facile d’en parler, de le dire et peut-être même de faire un tweet ou un billet sur les réseaux sociaux, ou même d’aimer et de lire ce que disent d’autres communautés qui pensent de la même manière, que de dire à ta ou ton partenaire « c’est comme ça que je veux ressentir du plaisir » ou « voilà comment je veux que tu fasses ensuite », à cause de la peur du rejet. Mais ce n’est pas tout, rien que la vulnérabilité – de permettre à l’autre personne de te voir à nu au point de savoir à quoi tu penses, ce que tu ressens et ce que tu veux – je pense que c’est là que la différence se ferait pour moi, personnellement. Je pense que c’est beaucoup plus communautaire sur les réseaux sociaux, et c’est plus facile de se lancer dans le récit. Alors que dans la chambre, tu n’as pas forcément envie de tout gâcher. Mais je pense que ça nous aide aussi, en quelque sorte, à comprendre, selon la relation avec la personne, comment agir par la suite. Donc, je sais toujours que si j’essaie de communiquer quelque chose et que je n’y parviens pas sur le moment, je peux toujours essayer d’en parler plus tard et voir quelle est la réaction, pour savoir comment l’aborder ensuite.
LouiseTu sais, la question dans les films c’est que je ne sais pas si le regard masculin est vraiment intentionnel ou pas. On n’en sait vraiment rien, en fait. Ce qu’on sait, c’est que la raison pour laquelle la sexualité en général a toujours été si hétéronormative et centrée sur la pénétration et qu’elle ne donne pas de place aux femmes pour qu’elles puissent vraiment demander quoi que ce soit dans les films, c’est parce que la plupart des gens qui travaillent dans cette industrie et qui prennent les décisions en matière de, tu sais, le déroulement de l’histoire et du montage, sont des hommes blancs. Donc, la revanche suite au viol, c’est ce genre de film très bizarre qui est apparu dans les années 1970, où pendant la moitié de l’histoire, il y aurait une femme qui est violée par une personne ou par plusieurs personnes, et dans l’autre moitié elle obtiendrait sa revanche. Donc, généralement, elle en viendrait à assassiner et à tuer les personnes qui l’ont violée, et parfois d’autres personnes de proximité. Au début de la naissance de ce genre et pendant une trentaine d’années au moins, ces films étaient produits et réalisés par des hommes. C’est aussi pour ça que nous voulons une telle représentation. Beaucoup de féministes et de pionnières dans la réalisation de films queer se sont également servies du fait de filmer pour y parvenir ainsi que pour réclamer leur propre sexualité. Je pense à Barbara Hammer, qui est une féministe et une pionnière queer du cinéma expérimental aux États-Unis, qui a décidé de filmer des femmes faisant du sexe en 16 mm et, ce faisant, réclamé un espace au sein des récits dans les films à cette époque. Il y a également la question de l’invisibilisation : on sait maintenant, grâce à Internet et au partage des connaissances, que les réalisatrices femmes et queer essaient de faire des films depuis les débuts du cinéma. On ne s’en rend compte que maintenant, parce qu’on a accès aux bases de données d’activistes, de conservatrices et de réalisatrices.
Hôte: Ça nous permet d’ouvrir la discussion sur l’importance de maintenir nos histoires féministes vivantes. Les mondes en ligne ont également joué un rôle essentiel dans la documentation des protestations et de la résistance. Du Soudan à la Palestine et à la Colombie, les féministes ont déferlé sur nos écrans, remettant en question les réalités de l’occupation, du capitalisme et de l’oppression. Pourrions-nous alors parler de communiquer le désir – le désir de quelque chose d’autre – comme d’une décolonisation?
ManalC’est peut-être parce que mon village ne compte que 600 habitantes et habitants et qu’il n’est constitué que d’une seule famille, les Tamimi, mais il n’y a aucun obstacle entre les hommes et les femmes. Nous faisons tout ensemble. Donc, lorsque nous avons commencé notre résistance non violente ou lorsque nous avons rejoint la résistance non violente en Palestine, il n’était nullement question de savoir si les femmes devraient ou non y participer. Nous avons assumé un rôle très important au sein de ce mouvement ici au village. Mais lorsque d’autres villages et d’autres lieux ont commencé à se joindre à nos manifestations hebdomadaires, certains hommes se sont dit que si des femmes participaient ou rejoignaient les mobilisations, elles se battraient alors avec des soldats, signifiant qu’elles seraient des femmes faciles. Il y a eu des hommes qui n’étaient pas du village et qui ont essayé de harceler sexuellement les femmes. Mais une femme forte qui est capable de se tenir face à un soldat peut également se tenir face au harcèlement sexuel. Parfois, lorsque des femmes d’autres lieux se joignent à nos protestations, elles sont tout d’abord timides, elles n’osent pas s’approcher parce qu’il y a de nombreux hommes. Si tu veux rejoindre une manifestation, si tu veux faire partie du mouvement non violent, tu dois éliminer toutes ces restrictions et toutes ces pensées de ton esprit. Tu ne dois te concentrer que sur la lutte pour tes droits. Malheureusement, l’occupation israélienne est consciente de cette question. Par exemple, la première fois où j’ai été arrêtée, comme je porte le hijab, ils ont essayé de me l’enlever; ils ont essayé de m’enlever mes vêtements, devant tout le monde. Il y avait quelque 300 à 400 personnes, et ils ont essayé de me déshabiller. Quand ils m’ont emmenée pour l’interrogatoire, l’interrogateur m’a dit : « On a fait ça parce qu’on veut punir d’autres femmes par ton biais. On connaît ta culture. » Alors je lui ai répondu : « Je m’en fous, j’ai fait quelque chose en quoi je crois. Même si tu enlèves tous mes vêtements, tout le monde sait que Manal est en résistance. »
LindiweJe pense que même d’un point de vue culturel, ce qui est très ironique si on prend en compte la culture en Afrique, montrer sa peau n’était pas un problème avant d’être colonisée. Porter des peaux ou des cuirs d’animaux pour se protéger n’était pas un problème et les gens n’étaient pas aussi sexualisés, sauf dans un contexte approprié. Mais nous, nous sommes conditionnées à dire : « Tu devrais te couvrir », et dès que l’on n’est pas couverte on est exposée, et ça, c’est sexualisé. La nudité est sexualisée, contrairement à juste être nue; ils ne veulent pas qu’une petite fille soit nue. Mais quel genre de société avons-nous conditionnée pour nous-mêmes, si c’est pour sexualiser une personne qui est nue en dehors du contexte d’une relation sexuelle? Mais l’environnement joue un rôle prépondérant, parce que nos parents, nos grands-mères et nos tantes nous disent : « Ne t’habille pas de manière inappropriée » ou « Non, ça c’est trop court ». Donc, on entend ça d’abord à la maison, et ensuite quand on est exposée à l’extérieur, selon l’environnement, qu’il soit eurocentré ou plus occidentalisé que ce à quoi tu es habituée, alors tu es en quelque sorte libre d’être comme tu veux. Et même là, aussi libre que tu sois, il y a quand même beaucoup de choses qui vont avec, entre les remarques dans la rue et les gens qui continuent à sexualiser ton corps. Tu pourrais porter une jupe courte, et quelqu’un se dirait qu’il a le droit de te toucher sans ta permission. Tellement de choses sont associées avec la réglementation et le contrôle des corps des femmes, et cette rhétorique commence à la maison. Et après, quand tu vas dans ta communauté et dans la société, cette rhétorique continue et tu te rends compte que tu es sexualisée par la société dans son ensemble, particulièrement en tant que personne de couleur.
Hôte: Et enfin, de quelle manière notre résistance peut-elle être davantage que ce à quoi nous sommes autorisées? Y a-t-il un endroit pour le plaisir et pour la joie, pour nous et nos communautés?
LouiseTrouver le plaisir en tant que résistance et la résistance dans le plaisir, il y a pour moi tout d’abord cette idée du cinéma comme guérilla, ou l’action de filmer quand on ne devrait pas, ou lorsque quelqu’un t’a dit de ne pas le faire, ce qui est le cas pour de nombreuses réalisatrices femmes et queer dans le monde actuellement. Au Liban, par exemple, qui est une scène du cinéma que je connais très bien, la plupart des histoires lesbiennes que j’ai vues avaient été filmées par des étudiantes en format très court avec « aucune valeur de production » comme on le dit en Occident – ce qui signifie sans argent, à cause de la censure au niveau institutionnel, mais également au sein de la famille et de la sphère privée. À mon avis, filmer quoi que ce soit, mais aussi filmer le plaisir et le plaisir dans les histoires lesbiennes, est un acte de résistance en soi. Très souvent, s’emparer d’une caméra et trouver quelqu’un pour le montage et quelqu’un pour jouer est extrêmement difficile et nécessite un fort positionnement politique.
LindiweJ’ai un groupe de soutien pour les victimes de viol. J’essaie d’aider les femmes à se réintégrer d’un point de vue sexuel : vouloir à nouveau avoir des relations intimes, ne pas laisser leur traumatisme avoir une telle influence sur leur avenir. Ce n’est pas chose facile, mais c’est individuel. Donc, je commence toujours par la compréhension de son corps. Je pense que plus on le comprend et l’aime et plus on en est fière, plus on est capable de permettre quelqu’un d’autre dans cet espace. J’appelle ça « la formation à la sensualité », et je les accompagne pour qu’elles commencent à se voir non pas comme des objets sexuels, mais comme des objets de plaisir et de désir qui peuvent être interchangeables. Donc, on mérite de recevoir et de donner. Mais ce n’est pas simplement d’un point de vue psychologique, c’est aussi physique. Quand tu sors de la douche, quand tu sors du bain, et que tu enduis ton corps avec du lait de toilette, regarde toutes les parties de ton corps, touche toutes les parties de ton corps, découvre là où il y a des changements, apprends à connaître ton corps de telle manière que tu sais quand un nouveau bouton apparaît sur ton genou, tu te connais si bien que tu sais qu’il y a quelques heures, il n’était pas là. Donc, des choses comme ça, où je fais en sorte que les femmes s’aiment de l’intérieur, pour sentir qu’elles méritent d’être aimées dans un lieu sûr, c’est comme ça que je les oriente pour qu’elles réclament leur sexualité et leur désir.
ManalTu sais, nous avons commencé à voir des femmes arriver de Naplouse, de Jérusalem, de Ramallah, même des territoires occupés de 1948, qui ont conduit trois ou quatre heures juste pour venir manifester avec nous. Après ça, nous avons essayé d’aller dans d’autres lieux, de parler avec les femmes, de leur dire qu’elles ne doivent pas être timides, qu’elles doivent simplement croire en elles-mêmes et qu’il n’y a rien de mal à ce qu’elles font. Tu peux te protéger, donc où est le mal à participer ou à nous rejoindre? Un jour, j’ai demandé à des femmes : « Pourquoi vous rejoignez-nous? » Et elles ont répondu : « Si les femmes Tamimi peuvent le faire, nous aussi on peut le faire ». En toute honnêteté, j’étais très contente d’entendre ça, parce qu’on était comme un modèle pour d’autres femmes. Si je dois me battre pour mes droits, ça doit être pour tous mes droits, pas juste un ou deux. Les droits, ça ne se divise pas.