WOMANTRA est une organisation féministe basée aux Caraïbes qui s’intéresse principalement aux programmes sociaux, à l’activisme et aux bourses d’études destinés aux femmes. En 2008, Stephanie Leitch et Michelle Isava ont lancé la première manifestation du projet « Silhouettes silencieuses » pour commémorer les vies des femmes dont la mort avait été causée par des violences domestiques. Le projet comprenait une installation de formes humaines découpées dans du contreplaqué et une performance artistique.
En novembre 2014, dans le cadre de la campagne 16 jours d’activisme pour sensibiliser le public à la violence faite aux femmes, le concept de « Silhouettes silencieuses » a été repris dans un ‘Projet d’affiches’ conçu par Amanda T. Mc Intyre, présentant les œuvres de Portia Subran et Aleaux. Il s’agit d’une série de trente affiches (core set of thirteen posters), qui représentent chacune une forme féminine stylisée accompagnée de l’âge auquel chaque personne a été tuée et de quelle manière. Les affiches ont été installées dans plusieurs endroits à Trinidad et ont également été publiées en ligne.
Si nous considérons que le féminisme est un mouvement qui vise à renforcer la légitimité naturelle des femmes et des personnes qui s’identifient à elles, nous devons alors remarquer que la violence faite aux femmes et aux personnes qui s’identifient à elles, est un indicateur du déni de leurs droits. L’oppression a lieu soit indirectement à travers la politique ou directement à travers des interactions humaines, et la violence est la forme d’oppression la plus directe, car elle interrompt non seulement la capacité d’agir, mais elle constitue aussi une agression physique avec la capacité de détruire la vie, d’interrompre des journées et de briser les volontés.
La ‘Campagne d’affiche des Silhouettes silencieuses’ parle spécifiquement de la violence familiale. Durant notre campagne de sensibilisation à la violence familiale, et de promotion de l’élimination de toute forme de violence contre les femmes, il est important non seulement de reconnaître la vie des femmes, mais aussi toutes les personnes s’identifiant aux femmes qui sont décédées. Nous sommes conscientes que les statistiques ne reflètent pas correctement ce phénomène. Par le truchement de l’art, nous investissons un espace où la mort n’est pas définitive. À travers l’art, nous investissons un espace où ces personnes peuvent REVIVRE ET VIVRE POUR TOUJOURS.
WOMANTRA continue à se servir de l’art des affiches dans les campagnes de sensibilisation, en accordant toujours beaucoup d’attention aux aspects de la représentation politique dans :la conception et la production des affiches, dans la composition des équipes d’organisation et de mobilisation, dans les zones choisies pour les installations et le public ciblé.
Dans la planification de futurs projets du même genre , nous modifierons notre approche afin d’inclure dans la conception des affiches, non seulement des femmes, mais aussi des personnes qui s’identifient aux femmes. L’urgence qui caractérise la question des violences conjugales chez les lesbiennes, les femmes queer et transgenres est encore supérieure à celle associée à ce phénomène chez les femmes en général, car la représentation statistique de ces groupes est faussée par des facteurs associés aux oppressions spécifiques dont elles ont fait l’objet.
La ‘Campagne d’affiches des Silhouettes silencieuses’ se poursuit en 2015 et WOMANTRA invite d’autres organisations ou d’autres personnes intéressées par cette mission à offrir leur soutien.
*Khadija Sinanan, avocate de la Trinité-et-Tobago,codirige avec Stefanie Leitch fondatrice de WOMANTRA et Amanda Mclntyre, cette organisation féministe à but non lucratif dirigée par des jeunes. Khadija a reçu une bourse nationale (langues) en 2008.
C’est durant son programme de premier cycle universitaire que Khadija découvre les études de genre et la théorie du droit féministe lorsqu’elle suit le cours – Genre et droit, dispensé par Tracy Robinson, éminent professeur de la Commission interaméricaine des droits de l’homme. Pendant ses études de droit, Khadija a participé bénévolement à l’organisation non gouvernementale ASPIRE (Advocates for Safe Parenthood, Improving Reproductive Equity/défenseur-e-s de la sécurité de la condition de parent, améliorer l’équité de genre) basé à Trinité-et-Tobago. Cette expérience lui a permis d’acquérir des connaissances extrêmement précieuses sur le plaidoyer pratiqué à Trinité-et-Tobago en matière de genre, de santé de genre et sexuelle et des droits connexes (SRHR).
En 2013, Khadija a été sélectionnée comme l’une des cent jeunes dirigeantes mondiales de Women Deliver. Khadija qui travaille pour WOMANTRA est également la fondatrice du programme de mentorat pour les jeunes femmes âgées de 14 à 17 ans vivant dans le village de Matura (Trinité) et dans ses alentours.