C’est avec une immense tristesse et la rage au cœur que nous, les 691 défenseuses du Salvador, du Guatemala, du Honduras, du Mexique et du Nicaragua qui formons l’Initiative méso-américaine des défenseuses des droits humains (IM-Defensoras), exprimons notre condamnation du meurtre abject commis sur la personne de notre compañera Berta Cáceres, féministe et défenseuse des droits ancestraux du peuple lenca.
Berta était également la coordinatrice du Consejo Cívico de Organizaciones Populares e Indígenas de Honduras (COPINH, Conseil civique des organisations populaires et autochtones du Honduras) et membre du Red Nacional de Defensoras de Derechos Humanos en Honduras (Réseau national de défenseuses des droits humains en Honduras).
Le jeudi 3 mars, au petit matin, Berta Cáceres fut assassinée par des inconnus qui se sont introduits à son domicile du quartier de La Esperanza, situé dans le département de l’Intibucá dans le Sud-Ouest du pays.
Une semaine auparavant, lors d’une conférence de presse, Berta Cáceres avait dénoncé le meurtre de quatre dirigeants de sa communauté ainsi que les menaces dont d’autres membres de cette dernière étaient victimes. Ces évènements s’inscrivent dans un contexte de recrudescence des agressions et des actes de harcèlement à l’encontre du COPINH et des communautés manifestant leur résistance au projet hydroélectrique de l’Entreprise DESA-Agua Zarca.
Il convient de souligner que, tout au long de son parcours, la défenseuse n’a cessé de faire l’objet de toutes sortes d’agressions, telles que des menaces, détentions arbitraires et criminalisation, de la part d’éléments liés à l’entreprise privée DESA-Agua Zarca ainsi que de fonctionnaires et instances tels que l’État hondurien ; et que cela a incité la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH) à mettre en place des mesures de protection pour assurer sa sécurité.
C’est avec une tristesse et une indignation profondes que nous souhaitons lui exprimer notre reconnaissance et le privilège que nous éprouvons de l’avoir eue comme compañera, ainsi que saluer le travail de cette défenseuse qui fut, est et restera un exemple pour chacune d’entre nous. Nous lui vouons une reconnaissance particulière pour le précieux travail qu’elle a mené en faveur des droits des femmes du peuple lenca et de toute la Méso-Amérique à partir d’une approche féministe et intégrale des droits humains.
Dans ces moments difficiles, nous souhaitons également témoigner toute notre solidarité et notre soutien à ses proches, au peuple lenca et à l’ensemble de ses compañeros et compañeras membres du COPINH.
◾️ Rejette toute hypothèse filtrée par les médias qui ne soit fondée sur une enquête conforme aux dispositions de la loi et approuvée par des mécanismes internationaux.
◾️ Rejette aussi toute tentative de criminalisation à l’encontre de défenseurs-euses des droits humains liés à Berta Cáceres.
◾️ Exige que la sécurité des membres de la famille et de l’entourage proche de Berta Cáceres soit assurée, ainsi que celle de l’ensemble des défenseurs et défenseures du COPINH.
◾️ Exige, enfin, que ce crime soit élucidé par le biais d’une enquête qui aura été approuvée par les instances internationales.
Ni una más! Justice pour Berta!
« Ni una mas » (pas une de plus) est le slogan repris en Amérique Latine face à l’escalade des féminicides, en particulier au Mexique.