À chaque nouveau numéro, nous discutons avec une lectrice d’Affronter les fondamentalismes et partageons un bref récapitulatif des derniers évènements en lien avec la religion, la tradition, la culture et les efforts d’organisation pour les droits dans différents contextes. (Si vous avez une idée qu’il vous tiendrait à cœur de voir dans cette chronique, faites-le-nous savoir!)
Merci à Anna Nikoghosyan, directrice exécutive de Society Without Violence (SWV), une organisation à l’appui des droits des femmes et de l’égalité de‑s genre‑s en Arménie, d’avoir collaboré avec AWID dans cette dernière édition du Courrier des lectrices.
Les organisations de droits des femmes en Arménie sont, de plus en plus, les cibles d’attaques par des groupes extrémistes anti-avortement qui dépeignent les groupes de défense des droits comme « anti-famille », « anti-Arménie » et comme des menaces pour la nation. Pour répandre la haine envers les organisations et les activistes de droits des femmes, ces groupes manipulent le sens de l’expression « égalité de‑s genre‑s » en l’associant avec « propagande homosexuelle », pédophilie et inceste. Les défenseuses des droits humains des femmes sont présentées comme des « traîtresses à la nation », des « destructrices de familles », des « menaces aux valeurs arméniennes » et des partisanes de l’exploitation sexuelle des enfants.
En avril dernier, une table ronde privée de la SWV a subi une attaque. Nous prévoyions présenter officiellement notre recherche et nos recommandations sur l’intégration de la dimension de genre aux curriculums de sciences sociales dans les écoles. L’événement n’était pas ouvert au public, mais les participant‑e‑s devaient s’inscrire et seuls certains membres des médias avaient été invités. Malgré tout, environ 20 extrémistes anti-avortement sont arrivé‑e‑s sur les lieux avec des pancartes indiquant « Non à la propagande anti-famille » et « L’homo-fascisme ne passera pas ». Certaines personnes ont tenté de s’introduire à l’événement, attaquant verbalement et physiquement les participant‑e‑s et les employé‑e‑s de l’hôtel. L’incident a été filmé par des médias non invités qui ont plus tard faussement rapporté que la SWV avait amorcé la violence.
Cette attaque montre une fois de plus que l’Arménie est très peu sensibilisée aux questions de genre. L’extrémisme grandissant est un grand problème pour les défenseuses, qui risquent leur sécurité et leur bien-être. Il est impératif de noter que ces groupes de droite sont très pro-Russie et cherchent à influencer les relations de l’Arménie avec Moscou, ainsi que d’empêcher un rapprochement avec l’UE.
L’attaque survient également à l’heure où les discussions officielles pour l’interdiction de la propagande homosexuelle et les politiques pro-natalistes s’intensifient, ce qui laisse entrevoir un contexte élargi d’affaiblissement des droits fondamentaux, qui finira par nuire à tout le monde. Le plus grand défi pour les groupes de défense des droits en Arménie est d’unir nos forces, tous secteurs et enjeux confondus, pour renforcer la résistance collective.